La main-d'oeuvre tchèque indésirable en Allemagne ?
On pouvait s'y attendre. Lundi, le chancelier allemand Gerhard Schröder l'a dit on ne peut plus clairement. A Weiden, il a laissé entendre que l'Union européenne devrait imposer aux nouveaux membres d'Europe centrale et de l'Est une « quarantaine » de sept ans pour la libre circulation de leur main-d'oeuvre sur le marché communautaire. Jan Uhlir résume brièvement les réactions tchèques.
A la différence des Polonais qui, eux, n'ont pas tardé à rejeter vivement cette idée du chancelier Schröder, les Tchèques sont plus conciliables. La première réaction officielle du ministère des Affaires étrangères ne fait que le confirmer. « Les paroles de M. Schröder sont tout à fait légitimes », dit le porte-parole du ministère, et d'ajouter que la prise de position de tous les pays de l'Union européenne sera le résultat de longues et difficiles négociations. Jaroslav Kasnar, du ministère du Travail et des Affaires sociales, lui, semble même s'en féliciter. D'après lui, cette mesure permettrait d'éviter une fuite des cerveaux de Tchéquie, surtout en ce qui concerne certaines professions. Les propos de M. Schröder trouvent, d'autre part, nettement moins de compréhension dans les rangs de l'opposition parlementaire. Le député Jaroslav Zverina, du Parti civique démocrate, président de la Commission pour l'intégration européenne, par exemple, ne mâche pas ses mots en disant qu'une telle revendication serait difficilement acceptable pour les nouveaux membres de l'Union. Il admet, pourtant, que la proposition allemande devrait faire l'objet de négociations. D'autant que Gerhard Schröder n'a pas exclu que le délai de sept ans pourrait être plus court, en définitive.
Quoi qu'il en soit, il est certain que le chancelier allemand, et l'Union européenne en général, ne sont pas encore arrivés à une conclusion qu'il serait possible de prendre pour définitive. Le fait que Berlin, qui exige une protection préalable contre tout éventuel afflux de main-d'oeuvre, du bâtiment par exemple, exhorte littéralement les spécialistes de l'informatique de l'Est à venir travailler dans des firmes allemandes, en dit long sur la particularité des intérêts qui entrent en collision au moment de l'élargissement tellement conjugué de l'Europe.