« La Maison-Blanche est un grand honneur pour un Premier ministre tchèque »
Eva Decroix est depuis ce week-end la nouvelle vice-présidente du Parti civique démocrate ODS, la formation à la tête de l’actuelle coalition gouvernementale. Députée, présidente du groupe parlementaire pour les relations avec la France et membre de celui pour les relations avec les États-Unis, elle a répondu aux questions de Radio Prague International :
Eva Decroix : « Mon élection à la vice-présidence m’a bien sûr d’abord fait plaisir. Mais je dois avouer que tout de suite après, j’ai réalisé à quel point c’était un grand engagement. J’ai évoqué la confiance et l’espoir, maintenant il faut se mettre au travail… et il y en a beaucoup devant nous ! »
RPI : Avec une échéance électorale déjà dans quelques semaines, le scrutin européen – Quel est l’objectif pour l’ODS ?
« Gagner les élections. »
Cela veut dire quoi en termes de sièges au Parlement européen ?
« Je ne veux pas comptabiliser. Si je dois répondre de façon plus large, l’important est de savoir expliquer à la majorité de la population comment adhérer de façon sentimentale et pragmatique à l’Union européenne et à ses objectifs. Le soutien à l’UE en Tchéquie est général mais on entend aussi ici des critiques virulentes envers certaines législations. »
« Dans le cadre de la campagne électorale - et ensuite aussi - il faut travailler davantage sur ce soutien à l’UE. On ne doit pas être d’accord avec toute la législation, mais quand on regarde autour de nous, en Ukraine ou au Proche-Orient, on a vraiment besoin, en tant que république au centre de l’Europe, d’être une partie solide de l’UE. Je voudrais qu’on soit un pays qu’on voit et qu’on entend dans l’UE, parce je pense qu’on a vraiment le potentiel pour changer certaines politiques au profit des citoyens. »
« Personnellement, je me sens très loin de ce que représente Éric Zemmour »
Comment décrire le parti ODS à un auditoire étranger en quelques mots ?
« C’est un parti qui existe depuis 33 ans et a été présent dans tous les moments importants pour le pays et sa démocratie depuis la révolution de Velours. C’est un parti qui se définit comme libéral-conservateur, avec un grand accent sur l’économie et le fait que l’État doit avoir une capacité limitée, dans le sens où la bureaucratie doit être limitée, et avec un grand accent également sur la responsabilité des citoyens et la liberté individuelle. »
Depuis peu, l’eurodéputé qui représente le parti Reconquête d’Éric Zemmour en France a rejoint le même groupe que l’ODS au Parlement européen. Dans quelle mesure vous sentez-vous proche des partis représentés dans ce groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE, ou ECR en anglais) dont fait aussi notamment partie le PiS polonais ?
« Il y a certains partis, dont le PiS, qui sont passés par une certaine évolution… Au départ, le point de vue était semblable notamment sur la transformation démocratique et l’adhésion aux valeurs occidentales ou européennes dans les années 1990. Petit à petit, peut-être pour répondre à la demande nationale, cela a évolué. »
« Personnellement, je me sens très loin de ce que déclare ou représente le politicien Éric Zemmour, mais je respecte que les groupes soient composés de cette manière. Il faut voir aussi les élections européennes qui approchent et qui ont le potentiel pour changer la répartition des forces politiques au Parlement européen, donc je vais suivre cela avec une grande attention. »
« Une visite à la Maison-Blanche très importante pour la Tchéquie et pour l'UE »
En tant que membre du groupe parlementaire pour les relations entre Prague et Washington, comment jauger l’importance du déplacement à la Maison-Blanche en ce début de semaine du Premier ministre et chef de votre parti ODS, Petr Fiala, dans un contexte de guerre en Ukraine qui dure et de la récente attaque d’Israël par l’Iran ?
« C’est très important pour la République tchèque, mais c’est très important aussi pour l’UE, parce que les chefs d’État ou de gouvernement de l’UE n’ont pas tous l’occasion de visiter la Maison-Blanche. Petr Fiala y va pour discuter de l’Ukraine, de la situation sécuritaire ou de questions énergétiques, pas seulement au nom de la Tchéquie mais il peut peut-être aussi, grâce au travail du gouvernement, représenter la position européenne de façon plus générale. »
« Il est indéniable qu’on a besoin des États-Unis actifs sur la scène internationale, on ne veut pas que les États-Unis se referment sur eux-mêmes et c’est important comme message à faire passer. Je pense que la sécurité n’est pas un sujet qui peut se limiter à telle ou telle région parce que les agresseurs et ceux qui veulent déstabiliser la sécurité – que ce soit l’Iran, la Russie ou la Chine par derrière –, ils le font aussi de façon globale. »
« C’est un grand honneur pour un Premier ministre tchèque d’être reçu à la Maison-Blanche et c’est une occasion importante pour échanger et renforcer les alliances. »