La musique ressuscitée des compositeurs de Terezín, morts à Auschwitz en 1944

Terezín

Une pléiade de musiciens, écrivains et artistes juifs ont été internés par les nazis dans le camp de Theresienstadt (aujourd’hui Terezín), à quelques dizaines de kilomètres de Prague. Parmi eux, Hans Krása, Viktor Ullmann et Pavel Haas, déportés et tués à Auschwitz il y a tout juste 80 ans, en octobre 1944. Nous vous proposons d’écouter leurs œuvres dans ce Dimanche musical.

Viktor Ullmann | Photo: Wikimedia Commons,  public domain

Musicien tchéco-autrichien, Viktor Ullmann est né à Těšín, en Moravie-Silésie, dans une famille juive convertie au catholicisme. Il a pris des cours de composition à Vienne, auprès d’Adolf Schönberg, pour devenir ensuite chef d’orchestre du Nouveau Théâtre allemand de Prague. Compositeur, chef d’orchestre, pianiste, critique de musique et poète, Viktor Ullmann était un artiste aux multiples talents. Déporté avec sa femme à Terezín en septembre 1942, il y a organisé des manifestations musicales, aux côtés notamment d’un autre musicien, Gideon Klein, et composé des dizaines d’œuvres, dont certaines n’ont été retrouvées que plus de quarante ans après la guerre.

Viktor Ullmann: Slawische Rhapsodie op.23 (1940)

Créé en 2002 par la pianiste britannique Jacqueline Cole, la Fondation Viktor Ullmann (Viktor Ullmann Foundation UK) met à l’honneur le compositeur et, plus généralement, les musiciens internés au camp de Terezín, en organisant des concerts, festivals, conférences, et programmes éducatifs sur l’Holocauste.

Pavel Haas | Photo: Musée régional Morave

La vie et la carrière d’un autre compositeur de Terezín, Pavel Haas, sont intimement liées à la deuxième plus grande ville tchèque, Brno, où il est né en 1899. Sur une des maisons du quartier Masaryk de Brno, on trouve une plaque commémorative avec le buste de Pavel Haas. Le compositeur y a vécu de 1935 à 1940, avec sa femme Soňa, médecin d’origine russe qui, avant de l’épouser, était mariée au célèbre linguiste Roman Jakobson. Soňa a échappé à la déportation, de même que le frère de Pavel, le célèbre acteur Hugo Haas qui a réussi à s’évader en France, pour émigrer ensuite aux Etats-Unis.

Considéré comme le disciple le plus talentueux du compositeur Leoš Janáček, Pavel Haas, s’est inspiré, lui aussi, du folklore tchèque et morave, mais également du jazz. Auteur de l’opéra Le Charlatan, Pavel Haas a mis en musique à Terezín, des poèmes chinois, qui y ont été interprétés par le futur soliste du Théâtre national de Prague, Karel Bergman.

Pavel Haas - The Chosen One, cantata Op. 8

Hans Krása | Photo: Pestrý týden,  volume II,  issue 9/Wikimedia Commons,  public domain

L’histoire du compositeur tchéco-allemand Hans Krása et de son célèbre Brundibár est bien connue. Cet opéra créé par les enfants et pour les enfants a été joué au camp de concentration de Terezín près de cinquante fois, il a même été présenté au comité de la Croix-Rouge venu constater, en juin 1944, les conditions de vie dans le ghetto. Quelques mois plus tard, les nazis ont transporté à Auschwitz 18 000 prisonniers, dont l’auteur de l’opéra et les enfants qui l’ont interprété. On écoute un extrait de Brundibár qui reste l’un des opéras pour enfants les plus joués au monde.

Hans Krása – Brundibár (Terezín, 1943), MFSH 2018