La plus dangereuse des hépatites menace les toxicomanes tchèques
La population tchèque a de quoi avoir peur... Une nouvelle maladie incurable, dont le virus est cent fois plus contagieux que celui du SIDA, a été importée en République tchèque de l'étranger. La maladie s'appelle l'hépatite C et 64% de ses victimes sont des toxicomanes. Magdalena Segertova.
Le nouveau fléau des toxicomanes tchèques est une maladie des plus insidieuses. L'hépatite C vient tout doucement, elle ne se manifeste presque pas. Alors que le malade, sans s'être aperçu de rien, continue à propager le virus, ce dernier lui détruit totalement le foie. L'incurabilité, la transmissibilité extrêmement facile et rapide, la possibilité de contamination répétée, voilà les propriétés de la plus méchante de ce trio d'hépatites A, B et C. Oui, la plus méchante, car, à la différence de ses petites soeurs, elle résiste à chaque type de vaccin. Paradoxalement, cet épouvantail trouble le sommeil des médecins, mais pas des toxicomanes... "Je ne sais même pas où est-ce que je l'ai attrapée. Les médecins m'ont expliqué de quoi il s'agissait, mais moi, je m'en fous. De toute façon, je dois mourir un jour, alors peu importe si je meurs d'une hépatite ou d'autre chose... Aller à l'hôpital, être obligé d'obéir aux toubibs et d'en finir avec la drogue ? Non ! Je n'ai pas le temps de le faire", dit Jakub, 23 ans... Malheureusement, selon les médecins, son attitude est typique pour la majorité des malades. Pour ceux qui ont plus de courage que Jakub et au moins une petite dose d'instinct de conservation, il existe quand même une solution. A partir du février dernier, ils sont les bienvenus à l'hôpital de Motol, à Prague, où on a ouvert pour eux un service spécial. On y essaie de sauver leur foie, mais aussi de les détacher complètement de la drogue, de leur tendre une main secourable sous forme d'une psychothérapie. Ces dernières années, le nombre de malades ne cesse d'augmenter, comparons par exemple les 220 cas en 1997 avec les 329 de l'année dernière. Rien qu'à Prague, deux toxicomanes sur trois sont atteints. Que devrait-il se passer pour les réveiller de leur sommeil indifférent ? Difficile de parler du sens de responsabilité envers soi-même et envers les autres devant quelqu'un pour qui la mort est une délivrance plus ou moins désirée...