La prostitution, aujourd'hui et dans le passé

La prostitution, aujourd'hui et dans le passé... Une récente édition de l'hebdomadaire Tyden a suivi les traces du plus ancien métier, dans les pays tchèques. Nous avons choisi pour vous des extraits de l'article consacré à ce thème...

L'année prochaine, le Parlement se penchera sur le projet de loi soumis par le ministère de l'Intérieur et qui entend légaliser la prostitution tchèque, un commerce particulièrement lucratif, ces dernières années. Le Bureau des statistiques évalue son chiffre d'affaires annuel en République tchèque à plus de quatre milliards et demi de couronnes. Il existe, bien sûr, des arguments pour et contre cette initiative. De toute façon, des inspirations pour le législateur, dans le passé du pays, sont riches.

Une tolérance sans bornes, de l'hypocrisie, des représailles dures. Les attitudes envers la prostitution tchèque changaient au fil de l'histoire. Aussi, les dénominations attribuées aux prostituées ont-elles connu une importante évolution.

"Báryn, harapanny, svodnice, panecnice", autant d'expressions que les femmes de moeurs légers ont connu au Moyen Age et qui ont entièrement disparu, depuis bien longtemps, du vocabulaire tchèque. Ce qui reste, c'est leur charme euphonique.

Selon l'hebdomadaire Tyden, la prostituion « institutionalisée » s'est imposée sur le territoire tchèque au XIIIe siècle, venant de France et d'Allemagne, en rapport avec l'essor urbain. Elle a pris notamment la forme itinérente, les filles voyageant d'une ville à l'autre et s'installant en dehors des remparts. C'est là, que les premières maisons closes ont vu le jour.

L'époque des Lumières, représentée dans cette région par l'empereur Joseph II, s'est traduite par une approche pragmatique du phénomène. C'est sous son règne, en effet, qu'ont été introduits les examens médicaux obligatoires des prostituées. Un siècle plus tard, en 1885, l'adoption de la loi sur le vagabondage et la mendicité a permis de donner à la prostitution un cadre législatif... Le lunapar pragois le plus connu au XIXe siècle s'appelait Chez les Golschmidt, tandis que d'autres portaient des noms plus nobles encore, tels Napoléon ou Père Radecki.

L'Etat tchécoslovaque, créé en 1918, a opté pour un régime strict à l'égard de la prostitution. Ainsi, quatre ans plus tard, les maisons closes ont été abolies. Finies aussi les visites médicales obligatoires, ce qui a eu pour conséquence la prolifération des maladies vénériennes. Selon l'hebdomadaire Tyden, la situation qui est advenue, rappelle, en bien des points, l'état que l'on retrouve à présent, en République tchèque.

Il va de soi que, sous la Première république tchécoslovaque, le régime d'aboliton n'a pas réussi à éliminer la prostitution. La rue a remplacé les maisons closes et les « cabarets », tandis que les hôtels de passe ont vécu une époque en or.

Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'heure a été, de nouveau, au durcissement. Le Président Edvard Benes a édité le décret sur l'obligation de travail générale en vertu duquel les personnes gagnant leur vie de façon « incorrecte », risquaient d'être traduites en justice.

Force est toutefois de constater que, sous le communisme, la prostitution était un champ d'activités réservé à des centaines de femmes seulement, disposées dans des hôtels, dans des boîtes de nuit ou dans des centres balnéaires et dont beaucoup collaboraient, tant bien que mal, avec les services secrets.

Si, après la chute du régime communiste, la loi sur le parasitisme a été abolie, la prostitution est devenue une entreprise non autorisée. En tant que telle, elle peut être judiciairement poursuivie... Mais la réalité est bien différente, car la prostitution, dans des régions limitrophes notamment ou dans des « salons érotiques », fleurit plus que jamais.

« L'année prochaine, en cas de légalisation de la prostitution qui permettrait son contrôle plus efficace, la situation pourrait considérablement changer. Et les villes qui en sont plus particulièrement affectées et qui souffrent de la criminalité qui y est liée, pourront pousser un soupir de soulagement », peut-on lire en conclusion dans l'hebdomadaire Tyden.