La question de la privatisation des forêts soulevée pour la première fois depuis 1989
Le plan de privatisation d’une partie du patrimoine forestier de la République tchèque, présenté vendredi dernier par le ministre de l’Agriculture Petr Gandalovic, brise un tabou jusqu’ici intouchable pour les politiciens tchèques
Selon le ministre Gandalovic, la part détenue par l’Etat dans les forêts est trop élevée, et il ne voit aucune raison pour ne pas se débarrasser d’une partie de cette charge. Ecoutons-le :
« Si on compare la part des forêts nationales en République tchèque et dans d’autres Etats, cette part est de 70 % par rapport à 30% en Allemagne, à 12 % en Autriche et à 9% en France. Il y a donc une nette disproportion entre le secteur public et le privé et on devrait en discuter. »
Le chef du groupe des députés sociaux-démocrates, Michal Hasek, qualifie le plan du ministre d’incroyable :
« Il n’existe pas une seule raison économique rationnelle pour qu’on privatise, ne soit-ce qu’une partie des forêts nationales de l’entreprise Lesy CR. »
L’entreprise Lesy CR administre un patrimoine dont la valeur dépasse les 70 milliards de couronnes. Elle possède la gestion de plus de 60% des forêts de la République tchèque couvrant une superficie de plus de 1,3 millions d’hectares, soit un sixième de la surface du pays. Pour quand la privatisation des forêts ? Selon le ministre, ce ne sera certainement pas la tâche du cabinet actuel, il faudra une nouvelle loi sur les forêts nationales pour s’y lancer. Et le ministre d’assurer que rien ne changera dans la loi actuelle garantissant l’entrée libre dans toutes les forêts, publiques ou pas. La tradition d’entrée libre dans la forêt est en effet profondément enracinée dans ce pays de fervents ramasseurs de champignons et autres fruits forestiers.Quant aux intéressés potentiels pour l’achat des forêts, ils sont pour l’instant très réservés dans leurs réactions. Les commentateurs rappellent que la privatisation des forêts rallongera la liste des firmes publiques dont la privatisation a déjà été décidée et qui rapportera à l’Etat un bénéfice d’un demi-billion de couronnes : L’aéroport de Prague, la CSA, la compagnie d’électricité CEZ, les Chemins de fer, la Poste tchèque ou la brasserie Budejovicky Budvar.