La rentrée des classes

Alain Slivinsky au rendez-vous pour cette chronique consacrée à la vie de la Tchéquie et de ses habitants. Nous sommes au début du mois de septembre et, tous les ans, le 1er septembre est, pour les écoliers et les étudiants, le jour « J », le jour de la rentrée scolaire. Cette année, le calendrier leur a accordé deux jours de vacances de plus, puisque le 1er septembre tombait un samedi.

La rentrée des classes, pour certains écoliers et étudiants, représente un certain traumatisme, selon les psychologues. Il semble bien, pourtant, que les plus traumatisés, dans l'affaire, ce sont les parents. En effet, à la fin du mois d'août et au début du mois de septembre, les budgets familiaux en prennent un dur coup. Les dépenses ne finissent pas : il faut acheter les fournitures scolaires, payer les cours d'intérêt ou de langue, les repas, les transports. Qu'est-ce qui est gratuit, dans le système scolaire tchèque ? Seulement quelques fournitures scolaires pour les enfants qui entrent au cours préparatoire. Les enfants qui fréquentent les établissements d'enseignement publics, ne payent pas leurs livres. Ils doivent seulement acheter les cahiers et autres fournitures scolaires indispensables. Le choix varie d'une école à l'autre. Ce n'est pas le cas, dans l'enseignement privé, où les parents doivent tout payer.

Ce sont les enfants qui entrent à l'école pour la première fois, donc au cours préparatoire, à l'âge de six ans, en général, qui causent le plus de dépenses aux parents. En effet, il est nécessaire d'acheter les fournitures scolaires courantes, mais aussi un cartable - le plus souvent un sac à dos, de nos jours, mais aussi tout l'équipement pour la culture physique et les travaux manuels. En moyenne, cela représente, aujourd'hui, une somme de 4000 couronnes tchèques (dans les 800 francs français). Les familles nombreuses avec des écoliers ont, souvent, du mal à supporter ses dépenses de la rentrée des classes. L'Etat s'efforce d'aider les familles qui ne disposent pas de revenus suffisants : allocations familiales, allocations sociales, allocations transports. Il n'existe pas, comme en France, par exemple, d'allocation rentrée des classes. En dehors des allocations familiales, l'aide n'est pas automatique. Il faut en faire la demande et prouver que la famille connaît des difficultés financières. Certaines écoles, quand leur budget le permet, viennent aussi en aide aux familles les plus démunies. Elles fournissent, gratuitement, les cahiers de travail aux écoliers. Tout ce que nous venons de dire concerne surtout l'enseignement public. A ces dépenses, il faut tout de même en ajouter d'autres qui sont assez importantes aussi : par exemple une semaine de formation de ski, dans les montagnes. Certaines familles ne sont pas en mesure de payer. Là encore, la seule solution est de faire une demande d'aide à l'Etat. Les manuels sont, en fin de compte, prêtés par l'école, jusqu'au bac, ou autre fin d'études primaires ou secondaires. Cela ne concerne pas les manuels de langue, qui reviennent assez cher. En général, les élèves les achètent aux élèves plus âgés. Mais comment cela se passe-t-il, dans l'enseignement privé ?

Dans le privé, tout est à la charge des parents. Dans le primaire, les prix d'une année scolaire commencent à 5000 couronnes tchèques. Mais disons que c'est un forfait, tout compris : livres, cahiers, stylos, crayons, autres fournitures pour les travaux manuels ou autres. Dans certaines écoles, les cours de langues facultatifs sont payants, dans d'autres non. Dans le secondaire, les prix varient entre 10 000 et 20 000 couronnes par an. Je vous rappelle, à cette occasion, que le salaire moyen d'un Tchèque est de 13 000 couronnes environ (dans les 2500 francs français - mais il faut comparer les prix). Certaines écoles fournissent les manuels, d'autres non. Les autres fournitures scolaires sont à la charge des parents. Naturellement, les étudiants des écoles secondaires privées se recrutent dans les familles aisées ou riches. Dans certaines écoles, le prix de l'enseignement varie, selon les résultats atteints par l'étudiant. Par exemple, un étudiant qui aura une moyenne de notes « excellent » paiera 500 couronnes par mois, au lieu de 1000.

Les livres, les manuels, les cahiers, les crayons... C'est bien beau, mais l'école, cela dure du matin à l'après-midi. Donc, il faut aussi se restaurer. Quelle est la situation en Tchéquie ? En général, les cantines scolaires appartiennent ou font partie de l'établissement scolaire. Dans le primaire, public ou privé, les prix varient entre 13 et 15 couronnes le repas, qui comprend, la plupart du temps, une soupe est un plat de résistance. Certaines cantines servent aussi un gâteau ou une autre friandise, une boisson, d'autres non. Dans le secondaire, les prix sont plus élevés et voisinent, le plus souvent, les 20 couronnes. Prendre un repas dans une cantine scolaire de Prague ne veut pas dire que le prix sera supérieur. Pourtant les prix sont contrôlés par le ministère de l'Education nationale : dans le primaire, pour les quatre premières années de scolarité, les prix sont fixés entre 13 et 22 couronnes le repas. Pour les 4 ou 5 autres années, le prix maximum est de 23,60 couronnes. Dans le secondaire, les étudiants sont plus âgés et mangent plus, naturellement, mais les prix sont limités de 15,50 à 22,50 couronnes le repas. Ce prix ne comprend que les dépenses effectuées pour l'achat des produits alimentaires. Le reste des dépenses de la cantine scolaire, donc les services, les salaires des employés et autres frais, est payé en partie par l'Etat, en partie par l'exploitant de la cantine. Naturellement toutes les cantines n'offrent pas le même choix de repas. Cela dépend souvent de son importance. Une cantine d'école secondaire offre, souvent, plusieurs sortes de repas. Une petite cantine d'une école primaire de quartier n'offrira qu'un seul repas.

On s'instruit, on se restaure, mais la rentrée des classes c'est aussi les vêtements. Et là, les parents ont souvent de quoi en pleurer. En effet, bien loin est le temps de la blouse grise, à l'école. En Tchèquie, les écoliers et étudiants ne portent pas d'uniformes, comme au Japon, par exemple. Alors, avec la mode qui change incessamment, les bourses parentales n'ont qu'à se délier ! Petits et plus grands vont, à la rentrée, casser les oreilles de leurs parents avec des phrases telles que : « Et Jeannot a des Adidas, je veux les mêmes ! » Et oui, les enfants ne connaissent pas encore la valeur de l'argent. Ce qui compte, c'est de porter la même marque que le copain d'école car, aujourd'hui, dans le vêtement, et pas seulement de la jeunesse, ce qui compte c'est la marque ! Ceux qui n'ont pas les moyens de se payer des puma, peuvent toujours acheter des contrefaçons, chez les commerçants asiatiques, en grand nombre, sur tout le territoire de la Tchéquie. Il existe aussi une très grande quantité de magasins de vêtements d'occasion, les « second hand », comme on les appelle. Là, on trouve des vraies marques, mais l'inconvénient est que le vêtement a déjà été porté. Enfin, bon nombre de familles ont recours à ce mode d'achat vestimentaire. La seule solution, mais budget familial réduit oblige... Cela aussi, c'est la rentrée des classes, qui vient d'avoir lieu. Pour les écoliers et étudiants, 10 mois à passer sur les bancs des écoles, avant de pouvoir chanter, de nouveau, la célèbre chanson « l'école est finie ».