La République tchèque aura un institut pour l'étude de son passé totalitaire

Plus de dix-sept ans après la chute du régime communiste, la République tchèque devrait enfin disposer, probablement avant la fin de l'année, d'une organisation chargée de mener des recherches sur la période du communisme dans le pays mais aussi sur l'occupation nazie de la Tchécoslovaquie. Mercredi, la Chambre des députés s'est en effet prononcée en faveur de la création de l'Institut pour l'étude des régimes totalitaires.

Le rôle de cet institut de la mémoire, comme il est également présenté, sera de mieux rassembler, d'analyser plus en profondeur et de rendre plus accessible au public les documents témoignant de l'époque totalitaire dans le pays, y compris les documents relatifs aux activités des services secrets communistes. C'est d'ailleurs une unité spéciale, baptisée Archives des services de sécurité et dépendante de l'Institut, qui sera chargée du traitement de l'ensemble des documents de la célèbre sécurité d'Etat (StB) de l'ancienne Tchécoslovaquie communiste.

Initialement, l'Institut tchèque pour l'étude des régimes totalitaires devait d'ailleurs s'appeler Institut de la mémoire de la nation selon le modèle slovaque. Ses travaux se concentreront sur deux périodes bien précises de l'histoire tchèque du XXe siècle, comme le précise Marek Benda, député du Parti démocrate civique :

Les sociaux-démocrates quittent la salle,  photo: CTK
Le projet de loi, longuement débattu, a été finalement adopté en troisième lecture par 92 des 118 députés présents, les communistes y étant logiquement opposés, tandis que les sociaux-démocrates ont quitté la salle au moment du vote. Si la loi est également adoptée par le Sénat, ce qui est fort probable du fait de sa composition, puis signé par le président de la République, la République tchèque disposera donc enfin d'un institut semblable à ceux existant depuis déjà plusieurs années dans les pays voisins, Allemagne, Pologne et Slovaquie.

« L'institut rassemblera tous les documents et archives se rapportant à l'occupation allemande du pays entre septembre 1938 et mai 1945, puis au régime communiste entre février 1948 et décembre 1989. Il s'agira alors de traiter ces archives comme n'importe quelles autres archives. »

Le ministre de l'Intérieur, Ivan Langer, a, lui, rappelé que la mise en place de ce nouvel institut s'inscrivait dans le cadre du projet lancé récemment baptisé « Otevrena minulost » - « Passé ouvert », dont l'objectif est de rassembler l'ensemble des archives de la StB sous un seul toit pour les rendre plus accessibles et faire enfin un peu plus de lumière sur une période sombre et traumatisante de l'histoire du pays.