La République tchèque également touchée par le virus Covid-19
Epargnée jusqu’alors, la République tchèque fait face à ses trois premiers cas de personnes contaminées par le virus Covid-19, tous les patients étant revenus d’un séjour dans le nord de l’Italie, particulièrement touchée par l’épidémie. Pris en charge à l’hôpital de Bulovka à Prague, les nouvelles de leur état étaient encourageantes ce lundi matin : aucun d’entre eux ne présentent en effet les symptômes de la maladie et leur état est stable. On fait le point sur la situation en Tchéquie alors que la Commission européenne vient d’annoncer que le niveau de risque lié au coronavirus passait de « modéré » à « élevé » dans l’Union européenne.
La prochaine étape de la Coupe du monde de biathlon à Nové Město na Moravě se déroulera bel et bien mais sans spectateurs. Ainsi en a décidé le Conseil de sécurité du gouvernement tchèque, réuni ce lundi matin en urgence suite à l’annonce des premiers cas de coronavirus dans le pays. Autre décision : la suspension des vols en provenance de Milan, Venise, Bologne et de la Corée du Sud.
L’Université technique de Prague a invité une partie de ses étudiants à travailler depuis chez eux, alors qu’un des patients contaminés a été en contact avec un des professeurs de la Faculté de mécanique. Portes closes également à l’Université d’agriculture où enseignait ce patient de retour d’une conférence à Udine en Italie. Et certaines personnes revenant de leurs vacances d’hiver en Italie se sont même vues imposer une quarantaine préventive par leurs employeurs.
Pour Srdan Matic, chef du bureau tchèque de l’OMS à Prague, la mise en place d’éventuelles autres mesures restrictives dépendra avant tout de l’évolution de la situation dans le pays :« Je dirais que pour l’heure les recommandations à la population sont de respecter les principes d’hygiène de base, comme nous l’avons répété à plusieurs reprises. Ce qui est important aussi, c’est de respecter une distance sociale appropriée : c’est-à-dire éviter les personnes qui présentent des symptômes de maladie respiratoire, quelle qu’elle soit, éviter les grandes concentrations de personnes, car dans d’autres pays européens il y a eu des cas de contamination après un match de foot, en somme s’abstenir de participer à tout événement de masse. »
Les autorités gouvernementales et sanitaires tchèques se disent mobilisées et se veulent rassurantes, le ministre de la Santé ayant affirmé « que tout se déroulait comme prévu ». Son vice-ministre Roman Prymula, épidémiologiste de profession, explique :
« Cela veut dire que pour l’instant il n’y a pas de ‘contamination communautaire’ en République tchèque, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’apparition de cas liés entre eux. Evidemment c’est quelque chose qui peut très vite changer. Mais pour l’heure nous considérons les patients infectés comme des cas isolés. Leur mise à l’isolement est de mise, ils ont été placés en quarantaine et les personnes avec lesquelles ils ont pu être en contact sont recherchées. Si nous y parvenons aussi bien qu'à Singapour, on peut espérer que l’épidémie n’atteigne pas les proportions qu’elle a prises en Italie. »Les ministères des Affaires étrangères et de la Santé recommandent toujours à la population d’éviter de voyager en Italie, et notamment dans les régions de Lombardie et de Vénétie, mais aussi d’Emilie Romagne. Les autorités ont décompté quelque 25 400 ressortissants tchèques disséminés un peu partout dans le monde, et présents dans des pays fortement touchés par le virus Covid-19. Tous ont reçu un SMS les informant des éventuels dangers et les renvoyant au site du ministère de la Santé. Ce lundi, le ministre de l’Intérieur Jan Hamáček (ČSSD) a fait savoir qu’il allait recommander au gouvernement la mise en place de l’état d’urgence :
« Si l’état d’urgence était déclaré, le gouvernement peut ainsi réguler les livraisons de matériel médical, cela signifie exiger des fabricants qu’ils livrent en priorité les services de secours, les services médicaux, etc. Cela permet aussi de réguler les événements de masse, mais aussi d’obliger tous les ressortissants tchèques revenant d’une zone touchée par le virus de contacter les services de santé de leur région de résidence. A l’heure actuelle, c’est une demande que l’on fait et qui est basée sur le volontariat. En cas d’état d’urgence, ce serait une obligation. »Une éventuelle mesure qui, pour l’heure, n’était pas d’actualité pour le ministre de la Santé Adam Vojtěch (ANO) qui, au moment de l’enregistrement de notre émission, annonçait que tous les tests effectués jusqu’à présent s’étaient avérés négatifs et que seuls les trois cas de contamination annoncés dimanche restaient avérés.