La République tchèque fait face à la pénurie d’infirmières
La pénurie d’infirmières en République tchèque devient grave au point qu’elle risque de dégrader la qualité des soins infirmiers : plusieurs hôpitaux sont en situation plus que précaire et doivent fermer certains services.
L’impact de la pénurie est la plus sensible dans les unités des soins intensifs et la Tchéquie fait face à un manque dramatique d’infirmières pédiatriques, une spécialisation qui jouissait d’une longue tradition dans le pays. Les propos de Dana Jurásková, présidente de l’Association tchèque des infirmières, qui s’alarme sérieusement de l’évolution de la situation, en expliquant quelles en sont les raisons :
« Le métier d’infirmière n’est pas trop attrayant, pour plusieurs raisons : la première est que c’est un métier très difficile, très exigeant que beaucoup ne pourraient pas faire à cause de son caractère, puis c’est un métier qui hélas ne jouit toujours pas d’un prestige social adéquat et qui n’est pas bien rémunéré. »
Le salaire moyen des infirmières, y compris les surtaxes pour les services, varie autour de 21 000 couronnes. Ainsi donc, pour un travail aussi exigeant et responsable, l’infirmière touche un salaire inférieur à la moyenne nationale. Difficile de s’étonner que des infirmières tchèques partent travailler en Grande-Bretagne, en Irlande ou encore en Arabie Saoudite. A en croire les statistiques, sur les 78 000 infirmières tchèques, plus de mille sont déjà parties. La pénurie est exacerbée par le départ massif d’infirmières slovaques du fait que la Slovaquie rencontre le même problème. Dana Jurásková est d’accord pour recruter davantage d’infirmières ukrainiennes car les formations et diplômes sont équivalents en Ukraine, mais elle n’est pas sûre que l’offre ukrainienne suffira à la République tchèque.
Quelles sont les solutions envisagées par le ministère de la Santé pour occuper les postes vacants ? Selon Markéta Hellerová, vice-ministre de la Santé, on a pris des mesures législatives éliminant toutes sortes de barrières rencontrées dans l’exercice du métier d’infirmière, les députés ont donné leur feu vert à une loi sur la co-participation de l’Etat au financement des stages et des cours de formation spécialisés pour infirmières, mais beaucoup dépendra des hôpitaux eux-mêmes :
« Il faut convaincre le management d’hôpitaux que l’infirmière n’est plus une personne qui s’occupe du confort du patient mais une personne hautement qualifiée qui a les compétences pour effectuer des activités spécialisées et qu’il est nécessaire de déléguer les activités moins spécialisées à d’autres travailleurs, de niveau moins élevé C’est ce qui ne fonctionne toujours pas très bien dans les hôpitaux tchèques et qui est le problème numéro un. »