Prague souhaite une adhésion en urgence de l’Ukraine à l’UE
Lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé à bénéficier d’une « procédure spéciale » pour que son pays puisse rejoindre au plus vite l’Union européenne. Son initiative a été soutenue par la République tchèque et par sept autres pays d’Europe centrale et orientale.
A Prague, le Premier ministre Petr Fiala a réagi le jour même où le président Zelensky a déposé sa demande : « Bien que je sois en faveur de procédures standard, nous ne sommes pas dans une situation standard actuellement », a-t-il déclaré en ajoutant :
« Dans cette situation auparavant inimaginable, il faut montrer clairement que nous soutenons l’Ukraine, que nous voulons réellement aider ce pays. C’est un signal fort et extrêmement important. »
Ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský a lui aussi encouragé les efforts de Kiev pour rejoindre les Vingt-Sept : « Par son attitude, l’Ukraine a incontestablement montré qu’elle faisait partie de l’Europe. Elle se trouve dans une situation compliquée qu’il faut prendre en considération », estime le chef de la diplomatie.
Le président tchèque Miloš Zeman et les dirigeants de sept autres Etats européens, à savoir de la Bulgarie, de la Slovaquie, de la Slovénie et des pays baltes ont demandé, dans une lettre ouverte adressée aux autres membres de la communauté européenne, de permettre à l’Ukraine d’obtenir aussitôt le statut de candidat à l’UE et d’entamer les négociations d’adhésion. « (…) il devrait y avoir une perspective immédiate d’adhésion de l’Ukraine », indiquent les dirigeants dans le document.
Cette procédure nécessite en temps normal des années de négociations et de réformes. Le débat sur un raccourcissement du chemin de Bruxelles pour Kiev a été ouvert dimanche par Ursula von der Leyen, lorsque la présidente de la Commission européenne a exprimé son souhait de porter l’adhésion de l’Ukraine à l’UE « dans un avenir proche ».
L’Ukraine fait actuellement partie du projet de Partenariat oriental, lancé en 2009 à Prague, lors de la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne. Dans le cadre de ce partenariat, l’UE soutient l’orientation pro-européenne de certaines républiques post-soviétiques et leurs efforts de se libérer de la sphère d’influence russe. Toutefois, l’Ukraine n’a pas à ce jour rempli les conditions nécessaires pour pouvoir obtenir le statut de candidat.
Avant l’invasion russe, les diplomates européens estimaient la procédure d’adhésion de l’Ukraine à plusieurs années, entre autres du fait que le projet n’a pas suscité l’enthousiasme de certains pays d’Europe occidentale.
Ceci a été confirmé, ce lundi, par le président du Conseil européen Charles Michel. Il a admis que l’adhésion était une demande exprimée depuis longtemps par l’Ukraine. « Mais il y a différentes opinions et sensibilités au sein de l’UE sur l’élargissement. L’Ukraine va transmettre une demande officielle, la Commission européenne devra exprimer un avis officiel et le Conseil se prononcera », a expliqué le président du Conseil européen.