La Tchéquie et l’Allemagne ont signé un accord sur la navigabilité de l’Elbe
Le ministre tchèque des Transports Karel Havlíček et son homologue allemand Andreas Scheuer ont signé mardi soir l’accord de navigabilité de l’Elbe entre la ville de Pardubice et Hambourg. Si l’accord doit encore être approuvé par le Parlement, il prévoit que d’ici 2030 le fleuve puisse servir au transport de marchandises. Ce projet, qui relance aussi la question des zones portuaires appartenant à la Tchéquie depuis 1929, suscite toutefois les craintes des organisations de défense de l’environnement.
« L’Elbe est un grand fleuve européen qui est sous la responsabilité de la Tchéquie et de l’Allemagne. Nous allons donc le remettre en état afin qu’il soit navigable 340 jours par an. L’objectif, c’est qu’il soit navigable entre Pardubice et Hambourg d’ici 2030, » a déclaré le ministre tchèque des Transports à l’issue de la réunion de mardi.
Selon Karel Havlíček, l'accord constitue une base importante pour le développement du transport de marchandises sur l'Elbe. La République tchèque doit ainsi garantir les conditions d’aménagement des chenaux entre la ville d’Ústí nad Labem jusqu'à la frontière allemande.
La construction d’un barrage près de Děčín est également prévue. En outre, la République tchèque devrait prendre des mesures pour atteindre une profondeur de chenal de 230 centimètres jusqu'à Pardubice. L'Allemagne a promis pour sa part de garantir une profondeur de chenal de 140 centimètres. Une commission mixte devra veiller au respect de l'accord.
Le service des transports fluviaux négocie actuellement avec le ministère de l'Environnement une éventuelle compensation des conséquences de ces aménagements sur l'environnement. L’accord entre l’Allemagne et la Tchéquie suscite depuis le début l’opposition des organisations de défense de l’environnement des deux pays qui estiment que le projet s’apparente à un « bétonisation » de l’Elbe.
Pour l’Etat tchèque, cette navigabilité de l’Elbe jusqu’à Hambourg pourrait relancer la question des activités du pays sur ses installations portuaires situées précisément dans la ville hanséatique. Ces zones portuaires tchèques font l’objet d’un bail emphytéotique avec la ville, sur la base du Traité de Versailles. Un bail signé en 1929 pour une durée de 99 ans et qui arrive donc à échéance en 2028.
Pays enclavé au cœur de l’Europe centrale, la République tchèque a ainsi contre toute attente un débouché maritime grâce à ses trois ports, Moldauhafen, Saalehafen et Peutehafen. Depuis 2015, l’idée que ces zones portuaires tchèques puissent faire l’objet d’un échange avec la ville de Hambourg a fait son chemin et pourrait se voir concrétisée dans la perspective de l’aménagement prévu de l’Elbe. En outre, le bail de 1929 prévoyait la possibilité d’être prolongé pour cinquante ans, une possibilité qui, dans cette optique, est sérieusement envisagée par le gouvernement tchèque.