La Tchéquie participera-t-elle au programme de défense antimissile américain?

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C'est presque certain : les USA demanderont à la République tchèque de s'intégrer dans le programme de défense antimissile. La décision devrait tomber en septembre prochain. Une déclaration du chef de la diplomatie Cyril Svoboda, dimanche, à la TV publique tchèque.

Un groupe d'experts américains a étudié, au mois de juillet, les possibilités d'implantation d'une base antimissile sur le territoire tchèque : des trois localités envisagées, celle de Libava, non loin d'Olomouc, au nord de la Moravie, leur conviendrait le plus. La Pologne est le deuxième pays de choix, tandis que la Hongrie serait, paraît-il, hors jeu. Selon le chef de la diplomatie Cyril Svoboda, les Etats-Unis peuvent demander à la Tchéquie de placer sur son territoire soit des radars, soit toute une base antimissile :

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« IL s'agit d'un projet d'édification d'une base souterraine occupant un terrain de 3 ou 4 km2 où seraient stationnés quelques dizaines de missiles et deux centaines de soldats américains: je souligne que ces missiles ne seraient pas munis d'ogive, ils seraient destinés à la défense uniquement. De ce point de vue, ils ne présentent aucun danger. Une conception sera certainement soumise et il nous incombera de décider. » L'implantation possible d'une telle base sur le territoire tchèque est refusée par la majorité écrasante des personnes interrogées par les agences de sondage. Elle divise également la scène politique : L'ODS - Parti civique démocrate est le seul qui le soutient univoquement. Résolument contre sont les communistes. La social-démocratie, par la voix de son chef Jiri Paroubek, juge qu'il s'agit d'une décision trop grave pour que l'opinion de la population soit ignorée. La tenue d'une consultation populaire s'avère nécessaire.

L'ancien chef de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek, s'est prononcé pour l'ouverture d'un large débat, pour que tous les arguments « pour » et « contre » puissent être évoqués. Le principal argument « contre » est, selon Zaoralek, qu'il s'agit d'une initiative isolée des Etats-Unis qui n'est pas opérée conjointement avec l'OTAN. Un deuxième désavantage est lié à l'histoire du pays : compte tenu de ses expériences de la présence de soldats étrangers sur le territoire tchèque, il est impensable, toujours selon Lubomir Zaoralek, d'en décider sans un référendum. D'autant que ce système serait subordonné uniquement aux décisions du président américain. Ni le président tchèque, ni la direction de l'OTAN n'auraient le droit d'intervenir.

Une série de manifestations contre l'édification d'une base antimissile américaine sur le territoire tchèque est organisée depuis ce lundi par l'initiative « Non aux missiles » réunissant plus d'une vingtaine d'associations civiques.