L’Académie du cinéma tchèque a distribué ses prix annuels
Les Américains ont les Oscars, les Tchèques ont les Lions. C’est sous la forme d’un lion en cristal que se présente le prix décerné chaque année aux meilleurs films et cinéastes tchèques. Cette année, la cérémonie de remise des Lions tchèques a eu lieu presque en même temps que celle de distribution des Oscars en Californie.
« Je comprend que la grande majorité des gens considèrent le film surtout comme un moyen de distraction. C’est une attitude tout à fait légitime et juste. Je ne m’en offusque pas. Cependant, quant à nous, nous choisissons nos thèmes sans tenir compte des préférences du public. Nous le faisons pour satisfaire notre besoin intérieur. Je ne reprocherais à personne de ne pas venir voir notre film. Le nombre de spectateurs qui l’ont vu avoisine les 100 000 ce que je considère comme un succès relatif bien que ce ne soit pas un succès sur le plan commercial. »
Le film a obtenu également les Lions du meilleur scénario, de la meilleure musique et du meilleur montage et la jeune comédienne Jana Plodková s’est vu décerner le Prix de la meilleure actrice.Les deux autres favoris de cette compétition, les films « Trois saisons en enfer » et « La Rose de Kawasaki » n’ont décroché que des distinctions secondaires. L’Académie a attribué le Prix du meilleur acteur à Kryštof Hádek ayant incarné le jeune héros du film « Trois saisons en enfer » inspiré par la vie de l’écrivain non conformiste Egon Bondy. Le comédien a beaucoup aimé ce travail :
« Le premier film que j’ai vraiment aimé faire, a été ‘Dark Blue World’ de Jan Svěrák et ‘Trois saisons en enfer’ est le dernier que je me suis beaucoup amusé à tourner. J’ai lu ‘Les dix premières années’, les journaux d’Egon Bondy, et j’ai beaucoup aimé. Il y a un effort de se libérer du conformisme général que, peut-être nous acceptons même sans nous en rendre compte. Il y a de cela aussi. »Les prix des seconds rôles ont fini entre les mains des comédiens du film « La Rose de Kawasaki » Daniela Kolářová et Ladislav Chudík. A 86 ans, Ladislav Chudik, ce spécialiste des rôles sympathiques, a complètement changé de registre et campe dans ce film le rôle d’un ancien enquêteur de la police communiste, un personnage répugnant et sans scrupules. Il considère pourtant ce rôle comme un brillant aboutissement de sa carrière au cinéma et est reconnaissant au réalisateur Jan Hřebejk qui le lui a proposé :
« J’ai réussi à maîtriser mon émotion et j’étais content parce que si j’avais fondu en larmes, je serais passé pour quelqu’un de très vieux. Pour moi, c’était une expérience splendide. Il a prolongé ma vie. Que peut-on demander de plus à mon âge ? Ma femme m’a aidé et le réalisateur a prolongé ma vie cinématographique. Et c’est splendide. »L’actrice Jana Brejchová étant souffrante, c’est sa fille, Tereza Brodská, qui est venue pour recevoir le Lion tchèque par lequel l’Académie a honoré l’ensemble de la carrière de sa mère. Une façon de rappeler que dans les années soixante et soixante-dix Jana Brejchová a été la plus grande star du cinéma tchèque et a fait rêver plusieurs générations de spectateurs.