L'ambassade russe à Prague réduite à peau de chagrin
C’est la fin d’une ère à Prague : depuis ce mardi, l’ambassade russe ne compte plus qu’une trentaine d’employés en tout. Le départ, la veille, des derniers fonctionnaires expulsés vers Moscou est venu clore un mois et demi d’une tension diplomatique inédite entre la République tchèque et la Russie.
123 : c’est le nombre total de ressortissants russes partis de Prague lundi - des membres de l’ambassade russe et leurs familles. Avec les 18 fonctionnaires russes déjà expulsées en avril, ce nombre symbolise l’ampleur des dégâts causés aux relations tchéco-russes par les révélations sur l’affaire de Vrbětice et les explosions dans un dépôt de matériel militaire dans la Moravie profonde en 2014.
Le nombre anormalement élevé de personnes rattachées à cette ambassade russe était dénoncé depuis des années par tous ceux qui considéraient celle-ci comme un nid d’espions, un repère de membres du GRU, du SVR et autre FSB.
La grande villa Petschek et le complexe diplomatique russe du sixième arrondissement de Prague vont donc se retrouver bien vide : ne restent en poste que 7 diplomates et 25 employés administratifs et techniques.
Cela correspond au nombre de fonctionnaires tchèques autorisés à rester à Moscou par les autorités russes en réaction aux mesures d’abord prises par Prague après les révélations fracassantes du 17 avril sur l’implication du GRU dans les déflagrations de Vrbětice.
Dans un communiqué publié lundi soir, la diplomatie tchèque estime qu’il est nécessaire pour faire « baisser la tension dans les relations bilatérales que la Fédération russe ne fasse pas figurer la République tchèque (ni d’autres pays) sur une liste de pays qui prennent des mesures inamicales contre la Fédération russe et annule les mesures prises en conséquence ».
« Sans cette étape, nous ne pourrons que difficilement revenir à une communication diplomatique standard et commencer à réfléchir au retour à la normale de nos relations bilatérales », a indiqué le ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhánek, qui ajoute que cette fameuse liste de pays inamicaux – sur laquelle figure pour l’instant la Tchéquie et les Etats-Unis – est considérée par Prague comme contraire à la Convention de Vienne.
« Unité structurelle spécialisée de l'ambassade de Russie en République tchèque »
Dernier point longuement discuté ces derniers temps entre Prague et Moscou : le statut l’école russe à Prague. Le ministère tchèque estime que les professeurs ne peuvent conserver le statut de diplomates et indique avoir averti l’ambassade russe depuis plusieurs mois de ce problème.
« Il faut que l’école russe fonctionne de la même manière que les autres écoles étrangères en Tchéquie. Rien n’empêche que les démarches nécessaires soient faites pendant l’été pour que l’école puisse ouvrir à la rentrée en septembre. Mais c’est seulement à la partie russe d’en décider », conclut Jakub Kulhánek.
La semaine dernière, l’ambassadeur russe s’était rendu au Château de Prague pour demander de l’aide aux proches conseillers du président de la République tchèque dans ce dossier de cet établissement qui s’appelle toujours officiellement « École secondaire à l'ambassade de Russie en République tchèque. Unité structurelle spécialisée de l'ambassade de Russie en République tchèque ».