L’Année Mácha
26 ans seulement ont suffi à Karel Hynek Mácha pour devenir fondateur de la poésie tchèque moderne. Sa courte vie a commencé il y a deux siècles, le 16 novembre 1810, et toute l’année 2010 sera donc marquée par son bicentenaire. Toute une série de manifestations sera organisée à cette occasion pour rappeler au public la vie, l’œuvre et l’influence littéraire de ce romantique qui ne cesse de nous apostropher, de nous inquiéter et de nous émouvoir deux siècles après sa naissance.
L’année du bicentenaire de Karel Hynek Mácha s’annonce comme un chapitre non négligeable dans la vie posthume du poète. Plusieurs institutions culturelles ont saisi l’occasion pour évoquer son art, sa vie et aussi son influence sur la poésie tchèque, influence qui revient et se fait sentir toujours malgré la distance dans le temps qui nous éloigne de lui. Ces différentes activités seront coordonnées par l’Association des écrivains tchèques. Le poète et historien de littérature Vladimír Křivánek qui préside cette association, résume:«Nous préparons toute une série de manifestations et c’est pourquoi nous avons appelé ce projet «Année Karel Hynek Mácha». Ces manifestations seront organisées pendant toute l’année, de janvier à décembre. Il y a plusieurs anniversaires. Outre le mois de mai, ce sont les deux anniversaires de novembre, les dates de la naissance et de la mort de Mácha. Evidement, nous désirons organiser ces manifestations d’une façon digne de ce poète, il ne faut pas que ce soient des fêtes gratuites. (...) Nous coopérons avec la Bibliothèque nationale, le Musée de la Littérature nationale, la ville de Prague, et le ministère de la Culture. Les manifestations seront placées sous le patronage du maire de Prague Pavel Bém et du président Václav Klaus.» Pratiquement toutes les générations de poètes et de lecteurs tchèques des XIXe et XXe siècles se sont référées à Mácha ou se sont définies par leur attitude vis-à-vis de lui comme si son autorité posthume était un point fixe et inébranlable, une île solide dans d’innombrables courants littéraires. Vladimír Křivánek décèle les liens évidents non seulement entre Mácha et les poètes du XIXe siècle, Jan Neruda et Julius Zeyer, mais trouve aussi des aspects qui apparentent à l’auteur de Mai toute une pléiade des poètes du siècle suivant, notamment Březina, Halas, Holan, Hrubín, Mikolášek, et même quelques auteurs contemporains dont Zbyněk Hejda. Il reconnaît aussi que la poésie de Mácha a profondément marqué sa propre création poétique.«Je pense que la grande rétrospective de Karel Hynek Mácha que le Musée de littérature nationale présentera au château de Hvězda à Prague sera un véritable événement. Et c’est ce qu’on pourra dire aussi du congrès des chercheurs bohémisants dont une partie sera consacrée à Mácha et à la réception de son oeuvre. (…) De même la Bibliothèque nationale organisera plusieurs expositions et à cette occasion seront publiés au moins cinq recueils de textes et une grande anthologie.»Česká televize (Télévision publique tchèque) se joint, elle aussi, à ces initiatives préparant deux projets consacrés au grand poète. Il s’agit avant tout d’un film documentaire qui devrait réunir toutes les nouvelles informations dont nous disposons sur la vie de l’écrivain ainsi que sur la réception et les métamorphoses de son œuvre aujourd’hui. Vladimír Křivánek évoque les aspects communs à toutes les activités organisées dans le cadre de l’Année Mácha:
«Si je cherchais un dénominateur commun à toutes ces manifestations, je l’exprimerais par le slogan ‘Mácha vivant’ ou ‘Mácha notre contemporain’. Nous faisons tout cela non seulement pour Mácha mais surtout pour nous-mêmes. Je ne veux pas dire par là que nous voulons nous enrichir en exploitant son culte mais que nous considérons l’oeuvre de Mácha comme une partie vivante de la littérature tchèque, oeuvre qui garantit la continuité de cette littérature. C’est pourquoi d’ailleurs nous nous sommes engagés dans ce projet en tant qu’Association des écrivains.»