L'après 11 septembre en République tchèque

Photo: CTK

Messe oecuménique célébrée à l'occasion du 5e anniversaire des attentats de New York et de Washington. Une marche contre le terrorisme mais aussi contre l'armement et l'implantation d'une base anti-missile américaine en République tchèque. La présentation, au ministère des Affaires étrangères, du drapeau tchèque retrouvé, en juin dernier, dans les ruines des tours jumelles du WTC. Ces manifestations et d'autres encore ont permis de commémorer, ce lundi, à Prague, le 11 septembre 2001. En septembre 2006, plus de 72% des personnes interrogées en Tchéquie affirment redouter une menace terroriste. Comment le pays est-il préparé à une éventuelle attaque ? La presse nationale tente de répondre dans son « flash-back » de l'événement.

Photo: CTK
Cinq ans après la tragédie, les Tchèques n'ont pas oublié : les images de l'apocalypse new-yorkaise sont de nouveau à la une des quotidiens, voire dans leurs éditions spéciales. Photos, récits de survivants et de proches des victimes, reportages. « Pour se rendre compte de l'ampleur de l'assassinat de masse, plus désastreux que Pearl Harbor, il faut voir la tombe » : c'est ainsi que Tomas Nemecek, journaliste de Hospodarske noviny, décrit son séjour dans la « ville américaine la plus chère aux Européens. » Dans le même quotidien, Adam Cerny s'interroge, comme beaucoup d'autres, sur « la bonne recette dans la lutte contre le terrorisme international ». Il s'identifie avec les idées du théoricien islamiste Tariq Ramadan : « Une société divisée en deux groupes - Nous et Les autres - n'est pas saine. Ceci est valable tant pour les Européens que pour les musulmans qui ont choisi l'Europe comme terre d'asile ou comme endroit où ils veulent, tout simplement, vivre bien ».

« La guerre en Irak a été une grosse erreur et tout le monde le sait », déclare Marek Svehla dans l'hebdomadaire Respekt - une opinion qui est le fil rouge de la plupart des commentaires tchèques. En dressant un « bilan de la guerre à laquelle on ne peut échapper », Marek Svehla se tourne vers son pays, qu'il souhaite « actif et loyal envers les structures européennes et l'OTAN », mais pas à 100% proaméricain, étant donné « la mise en doute générale de la position des Etats-Unis en Europe ».

La sécurité anti-terroriste en République tchèque est, pour l'occasion, largement évoquée dans les médias. Certes, depuis cinq ans, les autorités ont nettement progressé dans le domaine, en faisant de la prévention terroriste la priorité des services de renseignement nationaux ou en installant des détecteurs dans les lieux publics. La police est chargée de prévenir la fabrication illicite d'explosifs, elle dispose même d'agents armés, « air marshals », susceptibles de déjouer une attaque terroriste à bord d'un avion. Un débat vient d'être relancé sur la mise en place d'un Centre national anti-terroriste. Malgré tout cela, la politique de sécurité a ses critiques. L'eurodéputé tchèque Jana Hybaskova, par exemple, s'indigne de l'absence de la responsabilité pénale des personnes juridiques dans le pays qui favorise des activités mafieuses - lacune sans précédent à l'échelle européenne.