L'avis des Tchèques sur l'euthanasie

La légalisation de l'euthanasie par le Parlement néerlandais a déclenché une polémique dans la presse tchèque. Jaroslava Gissubelova résume.

Il découle d'un sondage du Centre de recherches de l'opinion publique que trois quarts des Tchèques sont pour l'euthanasie en tant que moyen d'aider les patients dont les souffrances sont irrémédiables et insupportables. Beaucoup d'entre eux craignent cependant le risque d'abus de la mort consentie, raison pour laquelle 46% seulement sont pour la légalisation de l'euthanasie. 37% des Tchèques sont nettement contre.

Un sondage éclair effectué par le quotidien Mlada fronta Dnes démontre que des médecins sont plutôt pour, alors que des représentants de l'étique médicale et des ecclésiastiques s'y opposent. Le médecin-cancérologue, Pavel Bocek, consente à l'euthanasie si elle est pratiquée dans des conditions strictement définies: "Les douleurs et les souffrances des mourants sont parfois telles que tant que le patient est encore capable de décider de soi-même je le lui permettrais", dit-il. Petr Prihoda, chef de l'Institut de l'éthique médicale, craint que la légalisation de l'euthanasie ne soit un pas vers une pente glissante. La tendance de pratiquer l'euthanasie non demandée augmentera, le problème de l'euthanasie de l'enfant se posera, la notion de la souffrance insupportable sera relativisée, en sorte que déjà une certaine lassitude de la vie risque de devenir une indication à l'euthanasie. Jan Fatka, représentant des Carmes tchèques, refuse résolument l'euthanasie en tant que mesure qui va contre tous les principes de la vie sur la Terre et qui menace la vie en tant que telle et dont on peut, en plus, abuser. L'opinion du philosophe Erazim Kohak est la suivante: "Se charger de la responsabilité de la vie et de la mort est une chose délicate, mais on s'en charge déjà en sauvant les malades devant la mort. Je considère l'euthanasie comme la prorogation des interventions médicales auxquelles il faut toujours procéder avec le maximum de prudence".