Le 11 septembre 2001 vu par l'historienne Svatava Rakova

Photo: CTK

Lors d'un congrès d'historiens tchèques qui s'est tenu la semaine dernière, Radio Prague s'est intéressée aux avis d'historiens concernant les attentats du 11 septembre 2001.

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« Mon opinion est certes minoritaire et impopulaire, mais ce que je ressens, en tant qu'américaniste, c'est que les Etats-Unis ont le droit à une défense », m'a dit Svatava Rakova, directrice de l'Institut historique de l'Académie tchèque des sciences, spécialiste de l'histoire et de la civilisation américaines, auteur de l'Histoire des Etats-Unis des XVII-XIXes siècles. Cinq ans après les attentats du 11 septembre, elle ne retient pas les larmes en parlant de l'acte des pirates de l'air :

« Ma première réaction, lorsque j'ai suivi les événements du 11 septembre 2001 sur l'écran de la télévision CNN, c'était ... des pleurs ... L'un de mes collègues, lui-aussi américaniste, avait alors dit : c'est la fin des manières politiques correctes. C'est difficile à dire comme ça, car l'attitude américaine envers la société, ses minorités, ses majorités, a toujours été une attitude correcte. Ce principe prévalait depuis la fin des années 1960 dans tous les domaines de la vie de la société. Plusieurs générations ont été élevées dans cet esprit. Difficile d'imaginer que toute cette ligne politique correcte disparaisse avec les frappes terroristes... Au fur et à mesure cependant, le changement d'attitude critique des Etats-Unis commence à être accepté dans le monde. De ce point de vue, il est caractéristique de remarquer que tandis qu'à l'occasion des deux premiers anniversaires du 11 septembre, des cérémonies du souvenir ont eu lieu à la cathédrale Saint-Guy à l'initiative de l'ambassade des Etats-Unis à Prague, plus tard, l'événement a pratiquement cessé d'être rappelé, du moins auprès de l'opinion tchèque. Je dirais que nous sommes là témoins d'un ostracisme, nous avons tendance à dire que les Américains exagèrent, qu'ils créent des problèmes dans les aéroports, dans les rapports internationaux, avec les visas. Je suis toutefois convaincue qu'il s'agit de leur part d'une stratégie de défense sérieuse. Je suis, par exemple, très inquiète par les propos du président iranien Ahmadinejad, propos très raffinés, orientés sur l'Europe et nos voisins les plus proches, les Allemands, par lesquels il essaie de raviver auprès de certains groupes de la population le sentiment que les Allemands doivent toujours encore payer leur dette de l'holocauste juif, dont le président iranien est un négationniste. Ainsi, il cherche à créer des antagonismes entre Juifs et Allemands et nous ne devrions pas, à mon avis, rester sourds à cela. »