Le centenaire du tramping en pays tchèques
Le tramping phénomène très répandu et très populaire en République tchèque, constitue une des spécificités locales. Ces jours-ci, les journaux rappelent le centenaire de ses débuts. Nous vous offrirons ensuite deux regards sur la crise migratoire qui ne cesse d’alimenter la presse. Des hackers cherchent à attaquer quotidiennnement les institutions de l’Etat tchèque. Nous vous en dirons plus avant de conclure avec une information du domaine de l’enseignement supérieur et une petite note sportive.
« Tandis que les Polonais avides de l’Ouest sauvage partaient pour l’Arizona, les Tchèques, eux, ont préféré bâtir leurs propres ‘Arizonas’ pas loin de Prague, au bord des rivières Vltava, Berounka, Sázava et Kocába. Ainsi est né un style de vie qui avait pour trait principal la spontanéité. A la différence du mouvement scout qui a été à trois reprises réprimé dans le pays, d’abord par les nazis, puis, par les stalinistes et les normalisateurs communistes, interdire le tramping n’était en fin de compte pas possible, car ses partisans existaient de manière non organisée. Voilà pourquoi il a survécu à toutes les ères du totalitarisme. »
Même s’il est difficile de définir la date exacte de la naissance du tramping dans les pays tchèques, les historiens et les témoins estiment que cette année, il y a lieu de célébrer son centenaire. Cet anniversaire est d’ailleurs largement rappelé par les médias. La Télévision publique tchèque lui a par exemple consacré une série d’émissions basées sur des divers témoignages d’anciens « tramps », ainsi que d’amateurs actuels de tramping qui retracent son histoire et rappelent certains de ses protagonistes célèbres qui se sont illustrés dans le monde artistique ou sportif. Une façon de montrer que la popularité du tramping dans les pays tchèques a touché des milieux très variés. De même, plusieurs expositions dédidées au centenaire du tramping ont lieu à cette occasion dans le pays.
Savoir apprécier les volontaires
Les volontaires mériteraient d’être appréciés par les représentants de l’Etat. C’est ce qu’estime Erik Tabery de l’hebdomadaire Respekt qui explique pourquoi :« Tout un chacun, qu’il soit favorable ou non à l’accueil des migrants dans le pays, est appelé à leur être reconnaissant. Une chose est en effet évidente. S’il n’y avait pas dans notre région des gens prêts à accorder leur aide aux dizaines de milliers de migrants, fatigués, épuisés, effrayés, affamés et trempés par la pluie, le risque de voir éclater des dizaines d’actes de violence et d’agressivité pouvant déboucher sur des émeutes plus graves encore, serait grand ».
Selon l’auteur de l’article, beaucoup de pays, dont surtout ceux du camp postcommuniste, n’étaient pas préparés à une telle situation, voilà pourquoi ils ont voué plus d’énergie à des démarches sécuritaires. Cependant, à partir du moment où le nombre de réfugiés n’a eu de cesse d’augmenter, l’impératif d’une aide humaintaire a surgi. Des volontaires de différents pays, dont aussi de Tchéquie, ont alors décidé de se rendre sur le terrain pour s’occuper d’eux. Erik Tabery ajoute :
« Ces gens ont non seulement amélioré l’image de notre pays, mais ils ont aussi contribué, et continuent à le faire, à atténuer un conflit potentiel qui pourrait aussi nous menacer en Tchéquie. Il est donc regrettable qu’à ce jour, aucun représentant de l’Etat n’ait clairement et officiellement remercié les volontaires ».
L’Europe en manque de temps
La crise migratoire qui est omniprésente dans tous les quotidiens et périodiques locaux est le sujet d’un entretien avec le jeune sociologue Ivo Slosarčík, publié dans l’hebdomadaire Týden. Une occasion pour lui de refuser catégoriquement l’hypothèse qui a été récemment émise par l’ex-président tchèque, Václav Klaus, selon laquelle les réfugiés contribuaient à la désagrégation de l’Europe. Jugeant que l’Europe finira par trouver un consensus concernant la solution de cette crise, il a en même temps noté :« Ce que je crains, c’est que face à cette crise, certains Etats puissent réduire les libertés et mettre en valeur des mesures liberticides, des mesures qui ne seront pas restreignantes à l’égard des réfugiés, mais à l’égard des populations locales... L’Europe est en manque de temps et de volonté politique. Dangereux est à mon sens, aussi, le comportement des élites. Tandis que pendant la crise économique en 2010, les élites politiques ont été capables d’agir à contre-courant de l’opinion publique majoritaire afin d’imposer leurs solutions, aujourd’hui, on a l’impression que la plupart d’hommes politiques suivent et traduisent la volonté les électeurs. Ceci peut constituer une menace possible pour l’intégration européenne ».
Et le sociologue Ivo Slosarčík d’indiquer enfin que seul l’avenir montrera si la chancellière allemande Angela Merkel et le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui représentent pour lui des personnalités politiques marquantes, s’inscriront dans l’histoire aux côtés des légendes comme Charles de Gaulle ou Konrad Adenauer.
Les hackers contre les institutions tchèques
Des hackers attaquent quotidiennement les réseaux des institutions de l’Etat tchèque. L’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes a apporté plus de détails à ce sujet :« En moyenne, chaque jour, un ministère ou une autre institution d’Etat est l’objet d’une cyber-attaque. Ce n’est pourtant que cette année que l’Office national de sécurité recense de tels cas, sur la base d’une nouvelle loi sur la sécurité cybernétique. C’est le ministère des Affaires étrangères qui semble avoir le plus d’attrait pour les hackers en rapport avec les informations de l’OTAN et de l’Union européenne, suivi du ministère de la Santé et du ministère de la Défense. S’agissant du secteur de la santé, ce sont les données personnelles qui ont le plus grand intérêt pour les hackers, pouvant donner lieu à des éléments compromettants liés à tel ou tel représentant politique ».
L’auteur de l’article, Jakub Pokorný, constate que cette année, la Tchéquie n’a pas connu une cyber-attaque comparable à celle de l’an 2013 qui a paralysé pendant plusieurs jours le serveur seznam.cz et ceux de plusieurs banques. Aujourd’hui, comme il le remarque, tout se déroule en catimini, mais la situation risque d’être d’autant plus grave.
Une évaluation internationale favorable pour les écoles supérieures tchèques
9 des 26 écoles supérieures publiques tchèques figurent sur la liste des 800 meilleures écoles du monde entier. C’est ce qui ressort du dernier palmarès Times Higher Education qui a été établi à Melbourne et qui fait partie, selon une des dernières éditions du quotidien Lidové noviny, des trois palmarès les plus reconnus à l’échelle mondiale. Dans son éditorial, Martin Rychlík constate que cette évaluation a très agréablement surpris les acteurs de la communauté académique locale, tout en provoquant un certain émoi du fait que l’Université Charles ait été devancée, contrairement à l’année dernière, par l’Ecole supérieure des Mines d’Ostrava (VSB). Son recteur, Ivo Vondrák, s’est confié dans ce contexte :« Le palmarès reflète en premier lieu le succès de nos disciplines techniques. Mais ce qui compte plus que notre position, ce sont les résultats de nos efforts en vue d’une coopération intense avec l’industrie et l’excellence dans le domaine de la recherche. »
Pour Jaroslav Miller qui dirige l’Université Palacký d’Olomouc, considérée comme une des écoles supérieures tchèques les plus ambitieuses, le classement parmi les 800 écoles constitue un succès phénoménal. Il a en outre déclaré :
« Cela signifie que désormais nous allons être plus visibles, car ce palmarès est suivi par des millions de personnes. Nous faisons partie d’un club d’élite ce qui représente pour nous une grande motivation qui va nous faire aller de l’avant ».