Le cinéma tchèque sous l'occupation nazie : des films qui ne s'oublient pas... A découvrir au Musée national.
C'est une exposition qui réchauffe le coeur et pourtant, elle se rapporte à un chapitre sombre de l'histoire tchèque. Elle est intitulée Le film tchèque de 1939 à 1945 et vous pouvez la visiter jusqu'à fin juillet, au Musée national de Prague. Vous y verrez des affiches de films tchèques produits sous le Protectorat de Bohême-Moravie, des photographies de leur tournage, des objets de l'époque, y compris un appareil de projection de 1912, des extraits de films, des marionnettes des premiers films d'animation (par exemple la fourmi légendaire Ferda mravenec) et, bien sûr, des portraits des vedettes du cinéma tchèque d'alors, de tous ces acteurs que l'on ne se lasse pas de voir et revoir, aujourd'hui sur le petit écran. A titre d'exemple Hugo Haas, acteur d'origine juive chassé du pays à la veille de la Seconde Guerre mondiale qui interprète cette chanson...
Dans l'entre deux guerre, l'industrie cinématographique tchèque était florissante. La principale société de production et de distribution Lucernafilm, dirigée par Milos Havel, oncle de l'ex-président tchèque, fabriquait, dans les nouveaux ateliers de Barrandov, une cinquantaine de films par an et n'avait presque pas de concurrent dans le pays. Dès le début de l'occupation nazie, les Allemands s'emparent de ce royaume du cinéma, avec l'intention d'en faire le Hollywood allemand : plus de 80 films allemands, destinés au public du IIIe Reich y ont été tournés entre 1940 et 1945. Le nombre de nouveaux films tchèques a baissé à une vingtaine en 1940, puis à une dizaine en 1941. La plupart d'entre eux sont connus et aimés jusqu'à nos jours. Libor Jun, commissaire de l'exposition au Musée national, vous en dit plus :
"Le cinéma tchèque, fort et anti-nazi, avant la guerre encore, a dû surmonter plusieurs obstacles auparavant inconnus. Tout d'abord, il a dû se plier à la censure très stricte, s'habituer à l'oppression politique sous formes différentes, à l'antisémitisme. En même temps, cette ambiance particulière a favorisé la recherche de nouveaux thèmes, de nouvelles approches du cinéma, ainsi que la parution... pas vraiment de critiques, mais disons de commentaires très intéressants sur les films et d'ouvrages spécialisés sur le film, l'art dramatique etc."
Pour ce qui est de la production nationale, les cinéastes se sont inspirés de l'histoire du pays, des oeuvres classiques de la littérature tchèque (je pense à l'adaptation particulièrement réussie de Babicka, Grand-mère, roman de Bozena Nemcova, porté à l'écran en 1940 par Frantisek Cap). Mais le genre le plus prisé était sans doute la comédie, légère et anodine... Et, d'ailleurs, souvent bien faite : comme par exemple le film Kristian, avec le grand charmeur Oldrich Novy dans le rôle principale, acteur qui a passé la fin de la guerre dans un camp de concentration... Le costume qu'il portait dans la comédie Kristian est aussi à voir au Musée national. Voici une chanson de ce film. Oldrich Novy alias Kristian, homme qui mène une double vie : celle d'un fonctionnaire et celle d'un séducteur irrésistible...