Le conflit pétrolier Minsk-Moscou dans la presse tchèque
La presse tchèque accorde une place importante à l'interruption, dans la nuit de dimanche à lundi, des livraisons de brut russe à l'Europe via l'oléoduc Droujba. Le conflit qui oppose Minsk à Moscou sur la question du transit du pétrole par le territoire biélorusse ne menace certes pas l'approvisionnement de la République tchèque à court terme, mais les journaux s'interrogent cependant sur la politique énergétique tchèque et critiquent la position du Kremlin.
Selon Lidové noviny, la Russie s'est toujours servie de son pétrole comme d'un instrument politique. Le quotidien rappelle l'épisode similaire de l'année dernière avec l'Ukraine pour le gaz. A l'époque, Moscou avait déjà prouvé qu'il était capable d'interrompre les livraisons et personne aujourd'hui en Europe ne peut donc faire mine de s'étonner des pratiques russes. D'un autre côté, note le journal, on ne pouvait pas penser que la Russie allait vendre éternellement son énergie à la Biélorussie à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché mondial. Et puis, peut-on lire un peu plus loin, la fin de ces tarifs préférentiels du pétrole et une éventuelle guerre commerciale avec le voisin russe pourraient placer le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko dans une position très délicate, ce qui n'est tout de même pas rien. Hospodarske noviny, qui consacre une page et demie au conflit, voit, lui aussi, les choses sous un angle similaire. « La Russie a perdu la confiance de l'Union européenne » et « Loukachenko joue sa survie », a ainsi choisi de titrer le quotidien économique. Un peu plus bas, le journal précise également que les réserves tchèques de pétrole permettent de couvrir les besoins du pays pour environ quatre mois et que les prix de l'essence et du gasoil à la pompe n'ont pas augmenté. Toutefois, dans une analyse plus approfondie intitulée « Le moment du réveil pétrolier », le commentateur d'Hospodarske noviny affirme que la fermeture des robinets russes doit permettre à l'économie tchèque, très exigeante sur le plan énergétique, de prendre conscience de la nécessité de diversifier ses sources et de faire des économies. Enfin, Mlada fronta Dnes estime que si la Russie est dans son bon droit vis-à-vis de la Biélorussie, ce sont cependant les autres pays européens qui essuient les plâtres d'une politique qui ne donne pas à la Russie une réputation de fournisseur de confiance. Mais au-delà de l'assèchement provisoire de l'oléoduc Droujba, ce qui nous inquiète, selon le journal, est la vision d'un avenir sans un pétrole dont nous sommes grandement dépendants.