Embargo européen sur le pétrole russe : la Tchéquie obtient une exemption de 18 mois
Un sixième paquet de sanctions contre la Russie vient d’être adopté, à Bruxelles, par les pays de l’Union européenne en marge d’un sommet des Vingt-Sept consacré à l’Ukraine. Ces sanctions comprennent un embargo partiel sur les importations de pétrole russe par voie maritime. La République tchèque, quant à elle, a obtenu une dérogation d’un an et demi à l’interdiction de revendre des produits pétroliers.
Bloquées notamment par la Hongrie, les négociations ont été longues et difficiles. Dans la nuit de lundi à mardi, les Vingt-Sept sont pourtant enfin parvenus à trouver un compromis, visant à mettre fin à environ 90% des importations de pétrole en provenance de Russie d’ici la fin de l’année.
L’accord porte en effet sur l’arrêt progressif des importations qui arrivent par voie maritime, soit les deux tiers des achats, auquel s’ajoute le projet de l’Allemagne et de la Pologne de stopper leur approvisionnement terrestre d’ici début 2023.
C’est la dépendance de la Hongrie aux importations de pétrole russe acheminé par l’oléoduc Droujba, reliant la Russie à l’Europe en passant par l’Ukraine, qui a compliqué les négociations. Budapest a fini par se joindre aux nouvelles sanctions, qui ont pour but de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine, en obtenant toutefois un délai et des garanties sur son approvisionnement.
En effet, l’embargo européen ne concerne pas, pour l’instant, le pétrole acheminé par l’oléoduc Droujba, notamment par sa branche sud qui approvisionne la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque. A Bruxelles, le Premier ministre tchèque Petr Fiala s’est félicité de l’accord conclu par les leaders européens et de leur capacité à adopter une position claire face à la Russie. Il a précisé :
« La République tchèque soutient pleinement l’arrêt des importations du pétrole russe par bateau. Mais nous, en particulier, nous avons besoin d’un peu de temps pour nous préparer à l’embargo total. Nous allons ainsi bénéficier d’une exemption de 18 mois qui nous permettra de continuer à importer des produits fabriqués à partir de pétrole russe dans notre pays. C’est ce que nous avions demandé. Nous devons assurer une quantité suffisante de pétrole pour nos citoyens et nos entreprises. Si nous y arrivons plus tôt que prévu, nous n’insisterons plus sur le délai de 18 mois. »
Le gouvernement cherche en effet à augmenter capacité des oléoducs pouvant acheminer du pétrole vers la République tchèque, le pays disposant actuellement de réserves pour 90 jours. Près de 50 % du pétrole acheminé en Tchéquie provient d’autres pays que la Russie. Prague entend surtout augmenter les livraisons par l’oléoduc Transalpin (TAL) qui relie l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne.
De même, la Tchéquie remplit rapidement ses réservoirs de stockage de gaz naturel, même si un embargo sur le gaz russe, dont le pays est presque entièrement dépendant, ne figure pas parmi les sanctions imposées par l’UE.