Nouvel excédent budgétaire pour la République tchèque en 2018

Alena Schillerová, photo: ČTK/Ondřej Deml

2,9 milliards de couronnes (112 millions d’euros) : tel a été le montant de l’excédent du budget de l’Etat tchèque en 2018. Le chiffre a été communiqué par la ministre des Finances, Alena Schillerová (mouvement ANO), jeudi. Selon elle, il s’agit du deuxième meilleur résultat depuis 1996. L’opposition critique pourtant le fait qu’en période de croissance économique, le gouvernement n’ait pas davantage profité du contexte favorable pour entreprendre des réformes et des investissements plus importants.

Alena Schillerová,  photo: ČTK/Ondřej Deml
Les pays européens qui présentent à la fin de l’année un budget excédentaire sont plutôt rares, mais la République tchèque compte parmi eux, et ce pour la deuxième fois en trois ans. En 2016, à une époque où l’actuel chef du gouvernement Andrej Babiš était encore ministre des Finances, un excédent record dans l’histoire du pays de 61,8 milliards de couronnes (près de 2,4 milliards d’euros) avait été atteint. Cette fois, la différence entre le montant du déficit initialement prévu à l’automne 2017 (quelque 50 milliards de couronnes) lors de l’adoption de la loi des finances par le Parlement et le bilan à l’issue de l’exercice 2018 est moindre, mais elle n’en satisfait pas moins sa principale responsable, la ministre Alena Schillerová :

« Ce résultat me ravit effectivement. Il est d’abord le fruit d’une croissance record des recettes. Les rentrées fiscales ont augmenté de 142 milliards de couronnes (5,5 milliards d’euros). Nous avons aussi largement bénéficié des subventions européennes, et tout cela nous a permis aussi de mieux dépenser dans le cadre des investissements. Au final, je pense que c’est un budget et un bilan équilibré, et c’est là le résultat du travail de tous les gens qui vivent dans ce pays. »

Comme les années précédentes depuis son adhésion à l’Union européenne, la République tchèque a une nouvelle fois très grassement profité en 2018 des subventions en provenance de Bruxelles, celles-ci permettant de financer nombre de projets tout en réduisant les investissements de l’Etat. C’est précisément sur cet aspect que le gouvernement est le plus critiqué par les partis de l’opposition, et notamment par l’ancien ministre des Finances et actuel leader du parti libéral TOP 09, Miroslav Kalousek, qui estime que ce nouvel excédent s’explique essentiellement par la croissance soutenue du PIB (les estimations tablent sur un taux moyen final de 3 % pour 2018).

Les économistes, eux, ajoutent que la croissance du taux d’emploi et des salaires a également grandement contribué à ce bilan positif. Pour rappel, le montant du salaire brut mensuel moyen en République tchèque s’est élevé à 31 516 couronnes (environ 1 220 euros) au troisième trimestre 2018, soit une augmentation interannuelle de 8,5 %, tandis que le montant du salaire médian s’est établi à 27 719 couronnes (1 075 euros), soit une hausse de 9,8 % par rapport à 2017. Ces diverses augmentations ont eu pour conséquences une meilleure collecte des charges sociales et une plus grande consommation des ménages, avec des répercussions sur la TVA.

Ces mêmes économistes et autres observateurs attendent désormais de savoir si 2019 sera l’année de la confirmation de toutes ces tendances, alors que le projet du budget adopté en décembre dernier prévoit un déficit de l’ordre de 40 milliards de couronnes (1,55 milliard d’euros), soit 0,7 % du produit intérieur brut, et qu’un ralentissement de la croissance économique de 0,1 à 0,2 point est attendu.