Le théâtre Archa présente du 4 au 7 octobre le festival Akcent 2010. Pour sa première édition, il s´attachera à traiter de thèmes sociaux spécifiques comme l´immigration au travers de plusieurs formes de création et de réflexion telles que des séminaires, des présentations, des événements publics, des ateliers, la projection de documentaires, des performances théâtrales ou encore des concerts. L´objectif du festival est de sensibiliser un large public ainsi que de briser les barrières notamment entre la création artistique, les problèmes sociaux et la politique.
Dès ce lundi, les spectateurs ont pu prendre part au festival. L´art social est parfois rejeté et dévalorisé, comparé à l´art que l´on trouve dans les musées, les salles de concerts ou les théâtres offrant un répertoire plus classique. Or, selon Ondrej Hrab, directeur du théâtre Archa, c´est justement à partir de la société que l´art doit entamer une conversation avec le spectateur.
« Je pense que c´est très important pour le développement de savoir où se trouvent nos racines, à qui on s´adresse, avec qui on travaille, et je suis convaincu que cette forme représente le futur de l´art, qui plus est en période de crise. En effet, cette crise n´est pas uniquement une crise du marché mais aussi une crise des valeurs, aussi nous nous devons de repenser ces valeurs et de repenser le rôle de l´art. Quel que soit son nom : art communautaire ou art a spécificités sociales, il est important pour nous de souligner que nous devons nous sentir davantage concernés par les problèmes de la société. Le principal problème de la société est notre intolérance face aux différences. »
Allstar Refjúdží Band
Grâce à l´art le festival Akcent veut favoriser le dialogue entre les cultures et mettre en avant les problèmes qui touchent notre époque. Le groupe Allstar Refjúdží est un bon exemple. Constitué de musiciens de sept nationalités différentes (chinoise, arménienne, suisse, tchèque, slovaque, américaine et kurde), leur performance « Où est ma patrie » reprend les grands thèmes de la fondation de la nation tchèque pour les transposer dans un contexte contemporain et ainsi mettre en lumière les problèmes actuels de l´émigration. Michael Romanyshyn, directeur musical du groupe, s´accorde à dire que, d´où que nous soyons, nous partageons des origines communes et qu’il ne devrait pas y avoir de frontière pour qui est dans le besoin.
Michael Romanyshyn
« Les ancêtres de chacun d´entre nous étaient des réfugiés d´une certaine manière, et ainsi, d´un certain point de vue, nous sommes tous descendants de réfugiés. Mais je crois qu´un autre message important est que le monde appartient à tout le monde. Lorsque les gens vivent quelque part, ils s´octroient une certain droit de possession mais rappelons nous qu´il y a des enfants qui naissent chaque minute et c´est à eux qu´appartient le monde, de même que les ressources naturelles appartiennent à tout le monde. Il y a tant de personnes qui deviennent réfugiés uniquement parce qu´elles sont pauvres et essaient de fuir la guerre et la famine, et cela est directement connecté avec le partage des ressources naturelles et avec qui reçoit quoi. »
Le théâtre est donc un lieu privilégié pour mettre en scène ces réalités au travers d´une remise en question et une interrogation permanente de son rôle et de son impact sur le public. Titia Bouwmeester, directrice artistique du projet 5ekwartier, aux Pays-Bas :
Photo: www.akcentfestival.eu
« On a toujours joué pour un large public parce que j´aime jouer en face d´un boulanger, d´un artisan, car vous pouvez toucher n´importe quel public. De plus, le théâtre devrait être un endroit où les personnes font une expérience collective. Je pense que notre tâche en tant que metteur en scène est d´aller à la recherche d´un public nouveau et de trouver un langage pour les atteindre. »
