Le film sur le sauvetage d'enfants par Nicholas Winton présenté à Londres avec une exposition
« One Life », un biopic retraçant le sauvetage de 669 enfants principalement juifs de Tchécoslovaquie par Sir Nicholas Winton à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, a récemment célébré sa première au Royaume-Uni. Parallèlement, une nouvelle exposition de photographies à Londres met en scène certaines des personnes âgées que ce Juste parmi les nations a sauvées. Laurence Winton est le petit-fils de Sir Nicholas ; il a répondu aux questions de RPi
Laurence Winton : « J'ai visionné le film One Life à trois reprises maintenant et il n'a pas perdu de son impact émotionnel. Il est difficile pour moi d'être objectif, car il est basé sur le livre écrit par ma mère.
« C'est une histoire très personnelle : voir mes grands-parents prendre vie devant mes yeux et avoir toutes ces conversations que je n'aurais jamais entendues.»
« J'ai grandi en connaissant tant de 'Kinder', les enfants sauvés, qu'ils sont un peu comme une famille élargie pour moi. Mais je pense que c'est un film remarquable. Ils ont fait un excellent travail. »
« Ils ont respecté scrupuleusement l'exactitude de l'histoire, des faits. Mais cela transmet également le caractère de Nicky, ses valeurs, et certains éléments de son contexte familial : pourquoi il a agi comme il l'a fait, sa propre conscience politique, qui lui a permis de prévoir les intentions d'Hitler. »
« Cela résonne particulièrement aujourd'hui, alors que tant de réfugiés, d'enfants réfugiés, et tant de tragédies se déroulent à travers le monde. »
« C'est donc un message positif : n'importe qui peut accomplir du bien s'il est ouvert à cela, s'il saisit les opportunités et s'il possède le bon cadre moral. »
Certains des enfants Winton survivants, aujourd'hui âgés, ont-ils assisté à la première du film au Royaume-Uni ?
« Oui, il y en avait beaucoup. En fait, je suis actuellement avec l'un d'entre eux, Lord Dubs, dans son bureau à proximité de la Chambre des Lords. Beaucoup de 'Kinder' étaient présents, ainsi que de nombreux membres de leurs familles. »
« C'était très émouvant d'être avec eux. Et bien sûr, ils ressentent tous une connexion très forte avec Nicky et son histoire. »
Johnny Flynn interprète le jeune Nicholas à Prague et c’est le grand Anthony Hopkins incarne votre grand-père à une période ultérieure de sa vie. Que pensez-vous de ce choix pour ce rôle ?
« J'ai trouvé remarquable la représentation de mon grand-père par Anthony Hopkins. Il a réussi à capturer de nombreux aspects de sa façon de parler et de bouger, des petits détails qui le caractérisaient.»
« En fait, j'ai pu être figurant sur le film et lui parler. Je lui ai demandé comment il avait obtenu tous ces détails sur la personnalité de Nicky.»
« Il n'a pas répondu en disant que c’était son métier, que c'était la moindre des choses. Il a expliqué qu'il avait effectué de nombreuses recherches ; il a visionné de nombreux enregistrements vidéo, afin de saisir réellement l'essence de Nicky. Il a cette sorte de ludisme, mais aussi cette réserve émotionnelle à l'ancienne, où il garde les choses sous contrôle. »
« Encore une fois, ayant grandi avec mon grand-père, j'ai pu observer davantage cette réserve. Ainsi, voir Sir Anthony aller au-delà du masque et dévoiler certaines de ces émotions est vraiment magnifique. »
En prévision de la sortie du film début janvier au Royaume-Uni, une exposition de photographies de Simon Hill à la National Portrait Gallery est également prévue. Que peut-on y voir ?
« Il s'agit d'une série de portraits des 'Kinder', certains des enfants sauvés, arrivés dans ces trains d'évacuation. Ces portraits sont très expressifs et captent quelque chose dans le regard. Simon, le photographe, évoque la résilience et la force que toutes ces personnes ont développées à la suite d'un événement aussi traumatique. »
« D'une certaine manière, ils étaient les chanceux, ayant survécu quand tant d'autres enfants, tant de familles, ont été tragiquement tués. Cependant, cela reste bien sûr très tragique : la plupart n'ont jamais revu leur famille. »
De nombreux visiteurs de Prague connaissent la statue et la plaque dédiées à votre grand-père à la gare principale de la ville. Que signifie pour vous le fait que ces hommages lui soient rendus ?
« Nous apprécions la statue à la gare de Wilson, nous l'avons vue de nombreuses fois. Nous pensons que c'est un hommage approprié. Il y a également une statue de Nicky à la gare locale de Maidenhead, où on le voit assis en train de lire un journal. »
« Cependant, ce que le film réussit bien, c'est de montrer que cet effort était une collaboration, avec de nombreuses autres personnes impliquées - des Britanniques bien sûr, mais aussi de nombreux Tchèques, travaillant dur pour mettre les gens en sécurité. »
« Nous apprécions que ce long-métrage mette en avant le rôle de Nicky avec les enfants, mais nous voulons que les gens voient également qu’il n'a pas été seul dans cette entreprise, que d’autres l’ont aidé. »
« Si les gens voient cela chaque fois qu'ils passent par la gare et se souviennent du sort des réfugiés, cela ne peut être qu'une chose positive - cela peut rappeler aux gens d'être compatissants. »
Le film One Life devrait sortir le 1er février 2024 dans les salles tchèques.