Le gouvernement s’attaque à la flambée des prix du carburant sans envisager de plafonnement
Les prix des carburants dans les stations-service tchèques continuent d’augmenter. Le gouvernement tchèque se réunit aujourd’hui pour évoquer, entre autres, les moyens d’y faire face.
La hausse la plus importante des prix du carburant depuis le début de l’invasion en Ukraine a été enregistrée entre lundi 7 et mardi 8 mars : le prix du gazole a alors augmenté de 2,15 couronnes (0,084 euro) pour atteindre 47,47 couronnes (1,86 euro) le litre, tandis que l’essence a augmenté de 1,7 couronne (0,067 euro) pour atteindre 45,21 couronnes (1,77 euro) par litre, d’après les données de l’entreprise CCS, qui suit l’évolution des prix moyens des carburants depuis 2005.
D’après certains économistes, les prix à la pompe pourraient grimper à plus de 55 couronnes, voire à plus de 60 couronnes dans le pire des cas.
Ni prix plafonnés, ni TVA supprimée
Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a déclaré que son gouvernement – qui se réunit aujourd’hui pour discuter de la hausse des prix des carburants, mais également de la vague de réfugiés en provenance d’Ukraine – ferait face à cette hausse de façon « raisonnable et réfléchie ». Ainsi il a mis en garde contre des idées telles que le plafonnement des prix du carburant telle qu’elle est suggérée par l’opposition. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Jozef Síkel, s’est lui aussi prononcé contre une action de ce type, rappelant que « il y a beaucoup de pétrole sur les marchés mondiaux » et que « outre l’agression russe, la hausse des prix des carburants en République tchèque est également influencée par la dépréciation de la devise tchèque et les réserves faites par les consommateurs ». La ministre des Sciences, de la Recherche et de l’Innovation Helena Langšádlová a précisé que le gouvernement n’approuverait pas non plus une réduction ou une suppression de la TVA sur l’essence et le gazole.
Dans une interview accordée à Seznam Zprávy, l’économiste en chef de BH Securities, Štěpán Křeček, a s’est déclaré en faveur d’une réduction de la TVA. Selon lui, en effet, « cela aurait un certain nombre d’effets positifs, par exemple, cela réduirait la différence entre les prix en République tchèque et en Pologne et signifierait que moins de conducteurs tchèques iraient faire le plein [en Pologne]. Dans le même temps, la réduction de la TVA aurait un autre effet très important : elle mettrait fin à de nouvelles augmentations de prix dans les stations-service et aurait donc un effet anti-inflationniste. » En revanche, il ne se prononce pas en faveur d’un plafonnement des prix, estimant que cela impliquerait des subventions aux stations-service et reviendrait à « payer l’essence bon marché des Allemands et Autrichiens frontaliers ».
Si le gouvernement semble plus enclin à trouver une autre façon d’atténuer la hausse des prix, il n’a pas encore présenté de plan concret, et le débat sur la question risque d’être long. Sous couvert d’anonymat, certains ministres ont confié que même si le gouvernement prenait des mesures pour rendre le carburant moins cher, les Tchèques devraient s’habituer à ce que leur plein leur coûte plus cher à cause de la crise.