Le jour J de la partition de la Tchécoslovaque : un rappel symbolique
Cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée présente d’abord une des nombreuses analyses publiées sur la partition de la Tchécoslovaquie il y a 25 ans de cela. Elle proposera également un extrait d’un entretien avec Karel Schwarzenberg, l’ancien chef de la diplomatie tchèque qui a fêté ses 80 ans. Le portrait présidentiel sur un timbre-poste, oui ou non ? C’est un autre thème traité dans cette rubrique qui consacre également quelque mots à l’éventualité d’une nouvelle explosion de la bulle immobilière.
« Il est évident que la situation politique en 1992 était très compliquée. Le mérite que cette partition se soit passée dans un climat de paix et ait été bien gérée d’un point de vue organisationnel, revient incontestablement à ceux qui étaient au pouvoir à l’époque. Pour certains, c’est là la confirmation que les deux hommes ont raison de se féliciter de leur réussite, l’histoire leur ayant donné raison. En réalité, il ne s’agit que d’une vérité littéraire et romancée. La vérité historique, elle, est beaucop plus compliquée, car une vérité ‘unique’ n’existe pas. Elle implique des concours de circonstances, des ambitions, des motivations, des sentiments et des intérêts. Or, il peut arriver dans l’histoire qu’un politicien pragmatique sans idéaux et un nationaliste sans scrupules prennent ensemble des décisions qui marquent positivement l’évolution de leurs Etats. »
L’auteur du texte estime que les débat auquel ont participé les deux protagonistes de la partition de la Tchécoslovaquie, Vladimír Mečiar et Václav Klaus, constituera certainement à l’avenir une intéressante source d’étude, et pas seulement pour les étudiants en histoire ou en politologie. Pour Michal Stehlík, l’intérêt sera de confronter la réalité historique à la perception qu’ont les protagonistes des événements de l’époque.
Observateur et acteur de la vie politique, Karel Schwarzenberg a fêté ses 80 ans
Le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny a publié, samedi dernier, un entretien avec Karel Schwarzenberg, ancien chef de la diplomatie tchèque, fondateur du parti conservateur TOP 09 qui était aussi un des proches collaborateurs de l’ancien président Václav Havel. Cet entretien a été l’occasion pour le doyen de la nouvelle Chambre des députés, qui a soufflé ses quatre-vingts bougies le 10 décembre, de rappeler certains chapitres clés de sa vie mouvementée :« Les changements les plus importants dans ma vie sont presque toujours survenus par étapes s’étendant sur dix ou quinze ans. J’avais à peine onze ans quand ma famille a été contrainte de quitter la Tchécoslovaquie pour l’Autriche, puis j’ai entamé mes études de sylviculture dix ans après. Quelques années plus tard, je suis devenu président de la Fédération internationale d’Helsinki pour les droits de l’homme. Et lorsque, le 29 décembre 1989, Václav Havel a été élu président de la République, un moment incroyablement fort pour moi, j’ai compris que, malgré l’autorisation de séjour de courte durée dont je disposais, j’allais pouvoir rester dans mon pays d’origine. Par ailleurs, à la différence de beaucoup de Tchèques qui avaient rêvé de quitter leur pays sous le régime communiste, j’ai moi toujours souhaité y rentrer. Le pays a changé et j’en suis ifiniment reconnaissant. »
Fort de l’expérience de l’euphorie qui avait accompagné les événements des années 1945 et 1968 en Tchécoslovaquie avant d’être déçue, Karel Schwarzenberg a ressenti une euphorie empreinte de scepticisme en 1989. Le député explique pourquoi :
« Que les Tchèques gâchent tout ce qu’ils peuvent dès que l’occasion se présente, est presque une tradition nationale... Au moment déjà de la naissance de la République tchécoslovaque en 1918, le pays avait un président formidable avec Tomáš Garrigue Masaryk. Sa mort a soulevé une vague d’émotion, mais ses idéaux sont vite tombés dans l’oubli avec sa disparition. La situation est similaire aujourd’hui avec les idéaux de l’ancien président Václav Havel qui, eux aussi, sont dans une grande mesure balayés. »
Des timbres-poste avec un portrait présidentiel ?
Avoir des timbres-poste avec un portrait présidentiel, oui ou non ? Cette question a été soulevée dans un texte mis en ligne sur le site aktualně.cz. Son auteur remarque que cette pratique existe dans les pays tchèques depuis une centaine d’années déjà et que, de ce fait, elle est généralement considérée comme quelque chose répondant aux us et coutumes. Il justifie son raisonnement avec ces mots :« Dès son investiture, chaque nouveau président tchèque voit son portrait être gravé sur des timbres-poste. L’opinion publique considère que c’est là quelque chose de naturel et normal, une habitude. Pourtant, ce n’est pas une pratique courante ailleurs dans le monde, ou du moins pas en Europe. Seuls les Tchèques, les Slovaques et les Estoniens éditent des timbres-poste avec le portrait du président en exercice. Les présidents américains, par exemple, ne peuvent être représentés de la sorte qu’un an après leur décès. Plus courante est la pratique selon laquelle sont édités des timbres-poste avec les portraits des membres des familles royales. Si un roi constitue un symbole authentique de l’Etat, un président, en revanche, n’est un simple citoyen, un élu qui participe à des combats politiques. Ainsi donc, en dépit de la tradition, un président en exercice représenté sur un timbre-poste constitue désormais dans un pays démocratique un résidu du passé. »
Enfin, l’auteur de cette réflexion se dit convaincu que seul le temps, heureusement, tranchera ce problème, car le courrier classique et les timbres-poste seront repoussés par le progrès technique, seuls les philatélistes survivant à cette évolution et à la modernité.
Une nouvelle bulle immobilière est une éventualité à ne pas exclure
Une bulle immobilière va éclater et les Tchèques en ressentiront très douloureusement les retombées. C’est du moins l’avis de Martin Lux de l’Académie tchèque des sciences ; un avis que le sociologue a exprimé et développé pour le quotidien Reflex :« Le marché du logement est en ébullition. Depuis 2013, les prix ont rapidement augmenté et l’offre ne satisfait pas la demande. Les agents immmobiliers vivent une période très heureuse. Tout ceci fait craindre assez logiquement que cette évolution puisse aboutir à un nouveau crash comme il y a une dizaine d’années de cela. Les plus touchés seront évidemment tous ceux qui ont acheté un logement lorsque les prix étaient les plus élevés. Cette crainte est acentuée par le fait que l’on assiste à une inflation de l’immobilier dans presque tous les pays développés, le boom étant mondialisé. »
Tout en insistant sur le fait qu’une telle crainte est justifiée, le sociologue prévoit également que l’explosion des prochaines bulles sera probablement beaucoup plus douloureuse que les précédentes.