Le légendaire pilote Frantisek Fajtl, dont la vie faisait penser à un roman d'aventure, n'est plus
Le héros de la dernière guerre, Frantisek Fajtl, qui s'est distingué dans les combats aériens de la France et de la Grande-Bretagne, chevalier de la Légion d'honneur et décoré du Lion blanc est décédé mercredi, le 4 octobre, à l'âge de 94 ans.
Devenu pilote de l'armée tchécoslovaque en 1935, Frantisek Fajtl avait 27 ans au moment de l'occupation de la Tchécoslovaquie. Ne pouvant pas combattre dans son pays, il est parti comme volontaire à l'Ouest. En France, il faisait partie de la centaine de pilotes tchèques qui représentaient près d'un tiers de l'aviation de chasse française. Il était l'un des Tchèques qui ont alors détruit 158 avions ennemis. La capitulation de la France a marqué une nouvelle fuite : via l'Afrique et Gibraltar en direction de la Grande-Bretagne. Dans la bataille de Londres, il a combattu dans la 1ère et la 17e escadrille de la RAF. En avril 1942, il a été nommé commandant de la 122e escadrille britannique City of Bombay, en tant que premier Tchèque et, d'après certaines sources, le tout premier étranger. Peu après, le 5 mai 1942, il a été abattu lors d'un combat au nord de la France. C'était l'un des moments les plus dangereux de sa vie, comme il l'a confié, en 2004, à Radio Prague :
« Le plus grave était quand j'ai dû atterrir au nord de France après un combat contre l'aviation allemande : avec mon Spitfire en flamme, je suis tombé juste au milieu des lignes occupées par l'ennemi. J'ai réussi à m'évader et regagner l'Angleterre, via l'Espagne. »
Entre-temps, sur sa base en Grande-Bretagne, on a écrit à côté de son nom : porté disparu, probablement décédé. La chance l'a toutefois pas quitté et Frantisek Fajtl a parcouru dans des circonstances dramatiques la France, jusqu'aux Pyrénées, en Espagne, où il a été arrêté et emprisonné. Après de longues négociations, les Britanniques ont réussi à le libérer et il a regagné les îles. Là-bas, il a continué à commander la 313e escadrille tchécoslovaque, avant d'être affilié, en février 1944, sur le front de l'Est. En URSS, il a formé les pilotes tchécoslovaques et plus tard, il a pris part aux combats de l'Insurrection nationale slovaque.
Après la fin de la guerre, Frantisek Fajtl a été, comme beaucoup d'autres combattants sur le front de l'Ouest, persécuté par le régime communiste et emprisonné. Partiellement réhabilité en 1964, il n'obtenu une réhabilitation complète qu'après 1989. Elevé au rang de général, Frantisek Fajtl s'est vu décerner plusieurs hautes distinctions tchèques et internationales : quatre croix de guerre tchécoslovaques, la croix britannique DFC pour actes exceptionnels, l'Ordre de chevalier de la Légion d'honneur et en 2004, la distinction suprême du Lion blanc. Son parcours exceptionnel, Frantisek Fajtl l'a retranscrit dans une quinzaine de livres, dont « Les Souvenirs des camarades tombés » et « Abattu » racontant sa fuite dramatique en 1942 à travers la France.