Le massacre de Boutcha mis en lumière par l’exposition Czech Press Photo
Un chien dans la rue resté fidèlement assis à côté du corps de son maître gisant mort sur le sol, comme attendant que celui-ci revienne à la vie. Pour l’édition 2022 du concours, le jury international de Czech Press Photo a retenu une photo de Vojtěch Dárvík Máca qui témoigne du massacre de Boutcha en Ukraine et de l’absurdité de la guerre. L’exposition est à voir au Musée national à Prague jusqu’au 31 juillet.
234 photographes tchèques et slovaques ont participé à la 28e édition du Czech Press Photo et soumis plus de 6 000 clichés. Les gagnants ont été annoncés lors d’une cérémonie qui s’est tenue, le 31 janvier, au Musée national, où les photos sont exposées depuis. Composé d’experts, principalement des photographes et journalistes, de différents pays, le jury s’est réuni les 13 et 15 octobre. Président du jury et rédacteur en chef de la banque de photos de l’agence de presse ČTK, Petr Mlch explique la difficulté de choisir parmi tant de matériel :
« Rassemblées ensemble, ces photographies varient entre un aspect mondial et une perspective plus locale. À chaque fois, nous débattons, au sein du jury, des photos qui représentent le mieux les médias tchèques à l’international, tout en tenant compte de ce qu’il s’est passé localement en Tchéquie. C’est plus ou moins un combat chaque année, malgré cela je pense que nous avons été en mesure de choisir la meilleure photo. Elle a été prise en Ukraine et je pense que c’est vraiment important et fort. »
Du reportage au sport en passant par les portraits, les lauréats sont répartis en huit catégories. Pour cette édition 2022, le jury a jugé que mettre en avant la guerre en Ukraine était une évidence. C’est donc cette photo d’un chien assis à côté de son maître mort qui a été désignée « Photo de l’année 2022 ».
L’exposition des photos gagnantes et de plusieurs centaines d’autres encore a lieu dans le bâtiment historique du Musée national, à Prague. Si l’Ukraine constitue donc le cœur de l’exposition, le président du jury explique combien il est parfois délicat de montrer la réalité de la guerre au public :
« Nous avons reçu des photos qui montraient uniquement des cadavres, mais nous ne les avons pas sélectionnées en raison de leur contenu extrêmement dur pour le public. Il existe différentes façons pour un photoreporter d’utiliser son appareil pour montrer des cadavres. Il doit notamment savoir jouer avec l’angle, de manière à ce que le résultat de son travail puisse être présenté au public. Nous avons fait de notre mieux pour séparer les photos qui possèdent une valeur journalistique de celles qui étaient trop explicites. »
La « Photo de l’année » fait partie d’une série réalisée à Boutcha et à Irpine, villes martyres suite à l’attaque de la Russie. Le massacre de Boutcha, notamment, est une série de crimes commis entre les 27 février et 31 mars 2022, dans cette localité au nord de Kiev occupée par l’armée russe.
Très marquante, la série frappe la plupart des visiteurs de l’exposition, comme cette touriste de passage à Prague, :
« Je trouve cela très émouvant et effrayant. Je viens de Pologne, donc cela se passe juste à côté de chez nous. Je connais des personnes venues d’Ukraine et elles sont malheureuses. Bien sûr, elles sont reconnaissantes de l’aide qui leur est apportée, mais leur maison leur manque beaucoup et regarder ces photos en pensant à tout cela, c’est déchirant. »
La photo, qui montre un chien fidèlement assis aux côtés de son maître gisant mort sur le sol, a également provoqué l’émotion de cet autre touriste venu lui aussi de Pologne :
« C’est très émouvant pour moi. Avant de voir cette photo, je n’avais jamais pensé à toute la situation en Ukraine du point de vue des animaux de compagnie. Il n’y a pas que les gens qui souffrent et je pense que c’est le message le plus important que cette photo me transmet. »
Ouverte le 1er février au Musée national, l’exposition des photos de la presse tchèque restera accessible au public jusqu’au 31 juillet.