Czech Press Photo : un cliché des JO de Paris comme « Meilleure photo de l’année 2024 »

Il est rare qu’un cliché de sport remporte le prix de la meilleure photo d’un concours de photojournalisme, et ce, d’autant plus quand, partout dans le monde, l’actualité a été aussi riche et grave que lors de l’année dernière. Mais puisque les Jeux olympiques à Paris ont été exceptionnels en tous points, c’est aussi un lauréat exceptionnel, Petr David Josek, auteur d’un cliché montrant un athlète courant le 110 mètres haies au Stade de France, que le jury international de Czech Press Photo a retenu pour l’édition 2024 du prestigieux concours.

Même les plus enragés des amateurs de sport ne connaissent très probablement pas son nom. Malgré son absence de palmarès, à l’exception (quand même) d’un titre de champion d’Amérique du Sud décroché il y a quelques années, Rafael Henrique Campos Pereira est pourtant, depuis quelques jours, un des sportifs les plus célèbres en Tchéquie. Bien que toute relative, et très éphémère, cette nouvelle célébrité, le spécialiste brésilien du 110 mètres haies, qui avait terminé dernier de sa série en demi-finales à Paris en août dernier, la doit à une photo.

Une photo sur laquelle on voit Rafael Pereira en pleine action, en train de franchir une haie quelques dizaines de mètres après le départ de la course, les traits du visage tirés par l’agressivité indispensable pour franchir l’obstacle et la volonté de vaincre, et le regard dirigé droit devant lui, vers la ligne d’arrivée. Une ligne qui, pour les athlètes au bout de l’effort, délimite souvent la terre promise et derrière laquelle se trouvait, donc, le 7 août dernier au Stade France, Petr David Josek :

Petr David Josek | Photo: Vít Šimánek,  ČTK

« C’est en quelque sorte le portrait d’un hurdler. Il s’agit d’une situation relativement banale que je me suis efforcé de saisir un peu différemment, en la regardant à travers les obstacles que sont les haies. Bien sûr, le rendu final est toujours un peu le fruit du hasard. La photo est un métier dans lequel on essaie constamment de nouvelles choses sans avoir la garantie du résultat. Parfois, ça marche, parfois non, et dans le cas présent, j’ai eu la chance que cela fonctionne. »

C’est allongé sur la piste violette du Stade de France que le lauréat de Czech Press Photo 2024 a pris son cliché, qui, selon le jury composé d'experts de différents pays, « rappelle l’esprit originel des Jeux : l’excellence, le respect et l’amitié » ou encore qu’il est « impossible d’obtenir de grands résultats sans efforts » et que « surmonter des obstacles est plus que symbolique ».

Photographe fort de plusieurs participations aux plus grandes compétitions sportives internationales, Petr David Josek, employé de l’agence The Associated Press-AP depuis 2011, a la chance, depuis quelques années déjà, de pouvoir s’installer juste derrière la ligne d’arrivée lors des épreuves olympiques.

« Une soixantaine de photographes de l’agence AP pour laquelle je travaille sont envoyés aux JO. Chacun d’entre nous couvre un sport différent, et pour ma part, je fais partie de l’équipe chargée de l’athlétisme, ce qui me plaît beaucoup. Nous sommes sept ou huit pour l’ensemble des épreuves, chacun ayant son propre poste. Me concernant, je suis installé dans la zone de la ligne d’arrivée avec les athlètes qui courent de face. C’est un emplacement relativement privilégié, d’abord qu’il y a les caméras, mais aussi parce que nous ne sommes que cinq photographes. Je suis conscient de ma chance. »

L’exposition Czech Press Photo 2024 | Photo: Musée national

Son succès à l’édition 2024 de Czech Press Photo, parmi plus de 4 500 clichés soumis par un nombre record de plus de 250 auteurs, Petr David Josek, dont une autre photo a également remporté le premier prix dans la catégrie Sport, le doit aussi, selon lui, à la nature du sport qu’il couvre, l’athlétisme.

« On dit que c’est la discipline reine aux JO, et c’est la vérité. C’est un sport magnifique. Les athlètes sont de belles personnes qui font de belles choses. Et plus encore aux JO, où le spectacle est magnifiquement mis en scène : c’est en plein air, la lumière est parfaite et il n’y a pas de publicité. Tout est nickel, photogénique et variable. C’est un cadre où il y a énormément de détails et de couleurs, l’athlétisme est donc beaucoup plus photogénique qu’un sport – je ne sais pas - comme le floorball, par exemple. »

S’il n’est pas seulement photographe de sport, comme en témoignent ses divers autres reportages durant sa carrière en Irak, en Ukraine, lors de la crise migratoire en 2015 ou encore, plus récemment, lors des inondations en Moravie en septembre dernier, Petr David Josek n’en est pas moins, bien évidemment, un passionné. Et à une époque où les caméras de télévision sont omniprésentes sur toutes les grandes compétitions, le reporter tchèque explique pourquoi la photographie de sport l’attire toujours autant :

« Le stress, l’adrénaline. Un photographe présent sur un événement sportif se doit de se décider et de réagir rapidement, car son travail consiste à capturer l’instant présent. Et bien sûr, lorsque vous parvenez à capturer l’instant décisif d’un match ou une course, ou l’instant qui les définit, et à le figer sur un seul cliché, c’est quelque chose de formidable. Dans ce sens, je pense que la photographie n’a pas d’équivalent et que la vidéo ne la remplacera jamais. Quand on pense à n’importe quel sport ou à n’importe quoi d'autre, c’est toujours une photo que l’on garde en tête. »

La « meilleure photo de l’année » est à voir au Musée national à Prague, où elle restera exposée jusqu’au 23 avril prochain, de même que plus de 500 autres photos présentées dans les huit catégories qui ont composé le concours Czech Press Photo 2024.

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