Le Musée Karel Zeman, réservoir à imagination
Le 6 octobre dernier a ouvert au cœur de Prague, le premier musée consacré à l’œuvre cinématographique de Karel Zeman, le Méliès tchèque. Considéré comme un véritable pionnier de l’animation, Karel Zeman est à l’origine de nombreuses inventions qui ont révolutionné cette branche du cinéma.
« Les écrans sont un des éléments principaux de communication : on y voit des courts films de 2-3 minutes qui passent en boucle et qui expliquent les méthodes de tournage. Sinon, nous avons aussi tourné des séquences avec des témoins de l’époque qui ont évoqué leurs souvenirs de leur travail avec Karel Zeman. Il y a également de nombreuses reconstitutions de scènes de films qui montrent les procédés utilisés. »
Roi de l’invention et de l’illusion, Karel Zeman (1910-1989) a d’abord commencé comme réalisateur de films d’animation pour un autre roi de l’époque, celui de la chaussure, Baťa. Il passera ensuite aux studios d’animation, toujours à Zlín. Dans ses films, il invente des panneaux géants qu’il ajoute aux prises de vue normales, grâce auxquels il masque par exemple une église réelle par l’image d’un volcan. Mais il est avant tout un maître dans le mélange de toutes les techniques possibles : découpage, maquettes, marionnettes, qui lui permettent de recréer un monde à cheval entre réel et fantastique. Bien avant Spielberg, il fait remonter le temps à une bande de quatre garçons dans « Le voyage dans la préhistoire ». Josef Lukáš qui interprétait Petr dans le film se souvient :« Ils m’ont choisi un peu par hasard. Certains des jeunes acteurs avaient déjà joué dans des films, comme Petr Hermann qui joue Toník. Karel Zeman l’a choisi. Mais il cherchait encore deux autres garçons. J’étais en 3ème à l’époque. Les assistants de réalisation sont arrivés, ont observé les gamins. Pour le premier essai caméra, on m’a dit : assieds-toi, un tigre va sauter de la fenêtre. Il fallait jouer la surprise… » Le musée est centré essentiellement sur trois grands films de Karel Zeman : « Le voyage dans la préhistoire », « L’invention diabolique » et « Le baron de Crac ». La fin du musée balaye en une salle tout le reste de la création de Karel Zeman. Jakub Fabel, graphiste, qui est aussi un des auteurs du projet :« Le musée est en constante évolution, il change au fur et à mesure de la visite et on passe de film en film. Chaque partie de l’exposition a été réalisée selon le monde d’un film en particulier. Là, où nous avons pu reconstituer un trucage, nous l’avons fait. Ici, nous sommes dans la pièce consacrée à ‘L’invention diabolique’ où nous avons reconstitué le grand sous-marin du film et également la machine qui actionne le plus petit sous-marin qui a des pattes de canard : les enfants peuvent la faire fonctionner. Vous pouvez essayer de la faire tourner. »Animation, interactivité, découverte. Tout est fait au musée pour susciter l’imagination que ce soit celle des adultes qui n’ont pas oublié leurs jeunes années, ou celle des enfants, aujourd’hui sans doute plus habitués aux ordinateurs et à la 3D réaliste plutôt qu’à la 3D fabriquée avec trois bouts de ficelle.