Le patriotisme mal perçu par la génération des quadragénaires tchèques
A l’occasion, le 28 septembre, de la fête nationale de l’Etat tchèque consacrée à saint Venceslas, le journal Lidové noviny a lancé une enquête auprès des jeunes Tchèques en leur demandant ce que la notion de patriotisme représentait pour eux et quels étaient à leurs yeux les personnages s’étant particulièrement illustrés dans différents domaines de la vie... Il y a quelques jours, un jeune homme a tiré sur le président de la République, Václav Klaus, avec un pistolet en plastique. Suite à cet incident, plusieurs têtes sont tombées, tandis que les médias s’interrogent depuis sur la question de savoir s’il s’agissait d’un véritable attentat ou bien d’un « simple » acte de protestation... Ivan Lendl, ancien numéo un mondial du tennis, se réjouit d’assister prochainement à la finale de la Coupe Davis qui opposera à Prague les équipes tchèque et espagnole.
« Le patriotisme est mal perçu par la génération des quadragénaires, celle qui a grandi sous le communisme. L’enquête révèle que pour beaucoup d’entre eux, cette notion représente quelque chose de dépassé voire d’embarrassant. Toutefois, les jeunes, et notamment les étudiants, sont plus ouverts et plus positifs à ce sujet, tout comme le sont, bien plus même encore, les personnes âgées... »
Le journal remarque également que pratiquement seuls des événements sportifs – en premier lieu les succès de l’équipe nationale en hockey sur glace - sont à même d’éveiller chez les Tchèques un élan patriotique. Aussi, les fêtes nationales sont-elles pour eux avant tout une occasion de profiter d’un jour férié. Noël et Pâques demeurent ainsi pour les Tchèques, connus cependant pour leur athéisme déclaré, les périodes de fête qu’ils préfèrent et célèbrent le plus.
Pas de grande surprise en ce qui concerne le choix des personnalités que les Tchèques apprécient le plus : ce sont l’ex-président Václav Havel, le hockeyeur Jaromír Jágr et le chanteur Karel Gott qui se trouvent en tête du top 10 de leurs disciplines respectives. Cela dit, une partie assez importante des personnes interrogées a répondu ne voir actuellement en Tchéquie aucune personnalité digne de respect.
La corruption, le chômage et la précarité : voilà quelles sont, à en croire ce mini-sondage, les principales sources d’inquiétude des jeunes Tchèques. S’agissant du pays dans lequel ces derniers souhaitent vivre, c’est la Tchéquie qui a été plébiscitée, suivie de la Grande Bretagne, la Suisse et la France figurant respectivement en troisième et cinquième position.
« Un acte désespéré », selon l’auteur des tirs au pistolet en plastique, Pavel Vondrouš. « Un incident regrettable », selon le Premier ministre Petr Nečas. « Le premier attentat contre le chef d’Etat dans l’existence centenaire de la Tchécoslovaquie et de la République tchèque » pour le président Václav Klaus. Autant de commentaires des différents protagonistes sur l’agression dont le chef de l’Etat a été victime lors de son déplacement, vendredi dernier, dans la ville de Chrastava, dans le nord de la Bohême. Dans les pages de l’édition de ce mercredi du quotidien Lidové noviny, l’historien Petr Zídek réfute le bien-fondé de l’interprétation offerte par le président, d’autant que « l’auteur de l’attentat n’avait sans doute pas l’intention de le liquider physiquement ». Petr Zídek précise :
« Il convient de rappeler que, dans notre pays, il existe une tradition d’agressions motivées contre les représentants politiques. En 1919, par exemple, le Premier ministre Karel Kramář a échappé par miracle à un attentat, tandis que, quatre ans plus tard, le ministre des Finances, Alois Rašín, y a succombé. Il existe d’autres ministres qui ont été l’objet d’agressions qui n’ont finalement pas abouti. Des attentats avaient aussi été prévus au sein de la dite ‘troisième résistance’ sous le régime communiste. »
Le journal a en outre invité différentes personnalités de la vie publique à donner leur propre interprétation d’un événement qui défraie depuis plusieurs jours la chronique. Celles-ci sont tombées d’accord pour insister avant tout sur la défaillance grave du service de protection du président. Une défaillance qui, selon certains, traduit la léthargie dans laquelle toute la société tchèque semble sombrer. Les regards des intervenants sont toutesfois assez nuancés.
Tout en condamnant cet acte, les uns prétendent, pour ne citer que le cinéaste Fero Fenič, comprendre la frustration et l’impuissance qui ont motivé l’agresseur. Beaucoup d’autres considèrent cet acte insolent et inadmissible dans un Etat civilisé. Porte-parole de l’ex-président défunt Václav Havel, Ladislav Špaček estime, lui, que cet acte « ne représente rien de dangereux ou d’extraordinaire, sinon la tentative hystérique d’un jeune homme de se faire remarquer, un acte de folie ».
Egalement interrogé, le juriste Tomáš Sokol est catégorique :
« Je perçois cet événement comme un échec fatal du service de protection. Toutes les autres spéculations autour de la question de savoir si c’était ou si ce n’était pas un attentat sont en quelque sorte déplacées. Il ne s’agit là que d’une question de terminologie... C’était une attaque symbolique contre le chef de l’Etat, et en tant que telle elle doit être considérée comme un acte criminel. »
Petr Honzejk, du quotidien Hospodářské noviny, souligne pour sa part qu’il s’agissait, ni plus ni moins, d’une défaillance du service de protection. De ce fait, il n’y a pas lieu d’exagérer et de parler d’attentat, car « un attentat a pour objectif de tuer, ce que ne permet guère un pistolet en plastique ». Petr Honzejk ajoute :
« L’affirmation du président Václav Klaus selon laquelle cet événement reflète la situation dans la société, est une spéculation particulièrement audacieuse, car il n’existe pour cela aucun indice. Même les véritables attentats sont avant tout la démonstration d’opinions extrémistes ou des problèmes psychiques individuels de leurs auteurs. »
« Angélique est de retour », titrait cette semaine le quotidien Mladá fronta Dnes pour informer ses lecteurs du tournage d’un remake du film mythique « Angélique marquise des Anges » avec Michèle Mercier et Robert Hossein dans les rôles-titres, réalisé dans les années 1960. Sous le régime communiste, ce film français avait remporté un succès extraordinaire auprès des spectateurs tchèques. Il ne cesse d’ailleurs, aujourd’hui encore, d’être régulièrement reprogrammé par les chaînes de télévision. Le journal précise :
« La nouvelle adaptation du roman sur la marquise Angélique, qui a déjà commencé en Autriche, sera partiellement tournée en République tchèque. Ce sont les villes historiques de Telč, de Prague et de Kroměříž, ainsi que le château de Pernštejn, qui ont été choisis à cette fin. Le tournage au château de Telč, ville inscrite au patrimoine de l’UNESCO, est prévu pour la deuxième moitié du mois d’octobre. Un comparse tchèque comptant quelques quatre cents personnes,sera engagé pour l’occasion. »
Et le site Internet du journal de citer le maire de Telč, Roman Fabeš, qui se félicite de voir tourner dans sa ville une histoire tellement populaire en Tchéquie. Son seul regret : l’absence de la légendaire Michèle Mercier qu’il a pu admirer il y a près d’un demi-siècle et qui sera remplacée par la jeune Nora Amezeder. Mais, à n’en pas douter, d’autres spectateurs ne s’en plaindront pas. La sortie de ce nouveau film sur Angélique, dont le tournage se déplacera prochainement à Prague, est prévue en 2014.
« Prague est l’unique ville, ces 60 dernières années, à organiser dans le même stade les finales des deux grands tournois de tennis que sont la Fed Cup et la Coupe Davis », écrit dans une de ses récentes éditions le quotidien Lidové noviny. Celles-ci se dérouleront respectivement les 3 et 4 novembre et du 16 au 18 novembre. La finale de la Coupe Davis verra s’affronter les équipes tchèque et espagnole. Pour évaluer les chances des tennismen tchèques, le journal s’est adressé à Ivan Lendl, 52 ans, ancien numéro un mondial qui avait participé à la victoire de l’équipe tchèque en finale contre l’Italie en 1980. Cette fois, ce célèbre tenisman tchèque, qui vit aux Etats-Unis, sera présent à Prague comme simple spectateur. En attendant ce grand événement sportif, il s’est confié :
« Je me réjouis beaucoup de voir les Tchèques en finale, voilà pourquoi je vais les soutenir de toutes mes forces. J’espère qu’ils réussiront comme nous l’avons fait, nous, il y a trente-deux ans.... Le public attendra leur victoire. Mais ce ne sera pas facile, car les Espagnols sont très forts et dignes de respect. Ils ont une équipe très équilibrée... Mais je serai là pour encourager les nôtres. Heureusement, pas en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur, mais juste pour me régaler ».