Le Premier ministre veut une annexe du Centre Pompidou à Prague
Un Centre Pompidou praguois d’ici quelques années, sur le modèle de celui de Metz ou Malaga ? C’est en tout cas l’ambition affichée par le Premier ministre Andrej Babiš qui a accueilli, vendredi dernier, le président de la célèbre institution parisienne afin de lui faire découvrir les collections françaises et tchèques de la Galerie nationale et discuter d’une éventuelle collaboration future.
Quand on évoque les relations historiques franco-tchèques, revient souvent comme un refrain le souvenir de ces nombreux peintres tchèques attirés par la France, de la fin du XIXe siècle à la moitié du XXe siècle. Ces liens franco-tchèques par le biais de l’art sont d’ailleurs illustrés par l’actuelle exposition de la Galerie nationale intitulée « Bonjour monsieur Gauguin » qui met à l’honneur les artistes tchèques inspirés par la Bretagne.
L’idée d’une collaboration intensive entre le Centre Pompidou et la Galerie nationale est toutefois envisagée de manière moins déséquilibrée qu’elle ne l’a été jadis lorsque ces échanges historiques étaient essentiellement à sens unique. Jiří Fajt, directeur de la Galerie nationale de Prague :« Avec nos collègues du Centre Pompidou, nous avons un accord de principe sur un partenariat de long terme. La base de cette collaboration, c’est le dialogue. L’idée, c’est une réciprocité entre Paris et Prague. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous n’allons pas nous concentrer uniquement sur le territoire de la République tchèque, mais que nous allons faire en sorte de devenir une institution de référence pour toute la région de l’Europe centrale et orientale. Enfin, la réciprocité signifie qu’il n’y a aura pas que des projets à Prague, mais également à Paris. C’est un signal fort pour notre scène artistique contemporaine. »
C’est accompagné du Premier ministre Andrej Babiš et de Jiří Fajt que le président du Centre Pompidou Serge Lavisgnes a découvert, vendredi, les collections d’art moderne français et tchèque qu’abrite le Palais des Foires qui, après de grands travaux de rénovation, deviendra le siège officiel et représentatif de la Galerie nationale. Ce projet de transformation du grand bâtiment constructiviste de l’entre-deux-guerres sonne d’ailleurs le glas de l’idée d’Andrej Babiš de construire un tout nouveau bâtiment non loin du Château de Prague, dans le quartier de Dejvice.
C’est donc sur le futur partenariat muséal que le chef du gouvernement s’est concentré : un mémorandum entérinant cette coopération bilatérale devrait ainsi être signé d’ici le mois de mai. Et à terme, l’ambition d’Andrej Babiš est d’accueillir une annexe du Centre Pompidou à Prague, comme il l’a rappelé vendredi :« Aujourd’hui, le Centre Pompidou est véritablement une marque. Tous les musées du monde essayent de créer des partenariats et d’obtenir cette marque. »
De la façon concrète de financer ce projet ou de la conception muséographique d’une telle annexe, il n’a pour l’heure guère été question, en tout cas pas dans les déclarations publiques. Or, si en termes d’image internationale, le Centre Pompidou de Metz est une belle carte de visite pour la cité mosellane, il s’est très vite retrouvé dans une impasse financière importante, confronté, passé le premier élan de curiosité, à une baisse de sa fréquentation et au problème que pose la dépendance unique aux expositions temporaires, sans œuvres en permanence à domicile.
En attendant, la première mise en œuvre palpable de ce grand dessein entre Paris et Prague devrait être une présentation d’œuvres des collections du Centre Pompidou en 2021, au palais Salm, juste à côté du Château de Prague.