Le président Klaus renvoie « la prime à la casse » à l’examen des députés

Le président de la République a apposé son veto, jeudi, au paquet de mesures anticrise regroupées dans la loi sur le soutien à la croissance économique et à la stabilité sociale. Václav Klaus est notamment opposé à l’introduction d’une prime à la casse et pour l’achat d’un nouveau véhicule. Selon le chef de l’Etat, il s’agit d’une mesure « avec un effet positif incertain ». Si sa décision a été mal accueillie par les vendeurs et constructeurs automobiles, en revanche, certains économistes s’en sont réjouis.

Václav Klaus,  photo: CTK
En avril dernier, ce paquet de mesures contre la crise économique avait fait l’objectif d’un consensus politique entre le gouvernement démissionnaire et la principale formation de l’opposition, le Parti social-démocrate. Au total, sept mesures figurent dans la loi (cf. sur Radio Prague http://www.radio.cz/fr/article/115164). Dès sa présentation, la prime à la casse est toutefois devenue le passage le plus controversé, le ministre des Finances de l’époque y étant notamment opposé.

Dans la pratique, l’Etat se propose de contribuer à hauteur d’environ 30 000 couronnes (un peu moins de 1 200 euros) à l’achat d’un nouveau véhicule dont le prix d’achat n’est pas supérieur à 500 000 couronnes (20 000 euros). Pour obtenir cette prime, les personnes intéressées doivent toutefois également se débarrasser de leur véhicule vieux d’au moins dix ans. Pour l’application de cette mesure, le gouvernement a prévu de libérer environ 2,5 milliards de couronnes (un peu moins de 100 millions d’euros). Objectif : relancer la production dans le secteur automobile, dont l’économie tchèque est grandement dépendante.

Si la prime à la casse a eu des retombées positives dans les douze pays de l’UE où elle est appliquée, elle ne fait toutefois pas l’unanimité en République tchèque, et le président Václav Klaus a donc décidé d’y apposer son veto. Le chef de l’Etat reproche notamment à la loi d’être « discriminatoire » en favorisant un secteur particulier de l’économie nationale aux dépens des autres, comme l’explique l’économiste et directeur du bureau du président, Jiří Weigl :

« La prime à la casse était la mesure la plus marquante et la plus critiquée de cette loi qui ne comporte aucune analyse de ses retombées. Or, le président estime que ces retombées sont très incertaines et discutables. La Chambre des députés aura donc la possibilité de se pencher une nouvelle fois sur le contenu du texte et de choisir d’autres mesures et d’autres priorités qui, dans la situation actuelle, aideraient peut-être plus notre économie. »

Une opinion qui est également partagée par le sénateur Jiří Oberfalzer, pourtant membre du Parti civique démocrate, qui était la principale formation de la coalition gouvernementale avant sa dissolution :

« Comme lui, je suis convaincu que la prime à la casse est une mesure qui ne profiterait qu’à une partie de notre économie, et non pas à l’ensemble de celle-ci. Elle désavantage même les autres acteurs et branches économiques. Je pense qu’en temps de crise, il faut d’abord chercher des solutions qui permettent de conserver les emplois. La prime à la casse peut sembler être une mesure allant dans ce sens, mais personnellement, je pense que la solution n’est pas de stimuler la consommation mais plutôt de réduire les frais pour l’emploi de la main-d’œuvre. Pour cela, il faut améliorer les conditions pour les entrepreneurs et les employeurs. »

Malgré la décision du président de la République, les représentants de l’industrie automobile ne perdent pas espoir de voir la loi finalement adoptée. Après le veto du chef de l’Etat, le texte sera en effet désormais réexaminé par la Chambre des députés. Et si ceux-ci l’adoptaient de nouveau, il entrerait cette fois en vigueur.