Le président tchèque Václav Klaus dépeint l’ancien président Havel comme un extrémiste de gauche
Lors d’une entrevue accordée à l’hebdomadaire polonais Do Rzeczy, le président Václav Klaus a exprimé son avis sur divers aspects de la politique nationale et internationale en ne se privant pas de critiquer de manière intransigeante ses homologues. Ce qui a surtout retenu l’attention, c’est sa critique acerbe de son défunt prédécesseur. Il s’est en effet livré à une attaque en règle de Václav Havel en l’accusant d’avoir mené une politique post-démocratique élitiste ainsi qu’une politique étrangère interventionniste.
Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. La plupart sont critiques, à l’instar de l’ancien ministre Alexandr Vondra qui pense que Havel était un libéral et que le présenter comme un jacobin est un non-sens :
« Si Havel était jacobin alors Klaus aurait eu la tête coupée. Cela ne s’est pas produit, au contraire l’opinion de Klaus s’est beaucoup développé durant la présidence Havel. Il n’en reste pas moins qu’ils étaient souvent en conflit mais cela se réglait de manière démocratique et non révolutionnaire. »De son côté, le chef du groupe parlementaire TOP 09 Petr Gazdík déplore les propos du président et aurait préféré qu’il donne davantage d’explications sur les amnisties qu’il a prononcées ainsi que sur les affaires de corruption des années 1990.
La réaction du ČSSD est moins sévère. Le président du groupe parlementaire Jeroným Tejc estime que Václav Klaus profite de son départ pour avoir une parole plus libre. Il défend également le droit à la liberté d’expression de chacun. Le chef du Parti des citoyens libre, une formation souverainiste, Petr Mach, ancien conseiller économique de Václav Klaus, relativise lui aussi les propos du président :
« Il n’y a rien de nouveau dans ces propos. Il y a chez nous un grand tapage médiatique suite à l’entrevue accordée à l’hebdomadaire polonais mais Václav Klaus et Václav Havel se sont toujours livrés à une bataille médiatique interposée. Cela a été le marqueur de la vie politique tchèque pendant vingt ans et les électeurs se sont toujours positionnés par rapport à ces deux personnalités. »Petr Mach a également soutenu l’avis du président concernant la dangerosité de l’Union européenne contrairement à celle de la Russie. L’introduction de l’Euro pour la République tchèque serait à ses yeux une menace bien réelle. Concernant l’avenir politique de Václav Klaus et sur l’éventualité de son adhésion au Parti des citoyens libres, Petr Mach se montre prudent :
« Nos statuts sont clairs, les nouveaux membres doivent adhérer à notre programme. J’imagine que Václav Klaus pourrait s’y retrouver mais je ne souhaite pas spéculer sur les futures intentions du président.»
Avec ses propos radicaux, Václav Klaus laisse sans doute entendre qu’il ne souhaite pas prendre une retraite tranquille et qu’il a l’intention de rester sur la scène politique tchèque après son départ.