Le programme de la Commission européenne pour la République tchèque

Photo: Commission européenne

La Commission européenne a publié ce lundi ses recommandations annuelles aux pays membres de l’Union et la République tchèque n’est pas épargnée. Outre les habituelles préconisations libérales d’allongement de la durée du travail ou d’abaissement des cotisations sociales, Bruxelles s’inquiète également de la baisse du niveau des investissements et du manque de crèches et d’écoles maternelles. Selon la Commission, ce dernier point est un facteur explicatif des inégalités salariales persistantes entre les hommes et les femmes.

Photo: Commission européenne
Depuis 2011, l’institution européenne émet chaque année des recommandations aux pays de l’UE. La Commission a ainsi défini sept domaines qu’elle considère prioritaires pour l’action du gouvernement tchèque jusqu’à 2015. Sept domaines qui s’apparentent à un véritable programme politique, ce qui permet de dire au Premier ministre Bohuslav Sobotka, que celui-ci correspond ni plus ni moins au plan d’action de son équipe.

Le social-démocrate ne partage cependant pas toute les vues de la Commission européenne, laquelle s’entête, malgré des résultats peu probants économiquement et destructeurs socialement, à impulser des politiques de réduction des dettes publiques par l’austérité et d’effritement du droit du travail au nom de la compétitivité. On écoute M. Sobotka, réagissant aux vœux bruxellois sur les retraites et sur une harmonisation du système fiscal alliée à une baisse des cotisations sociales :

« Personnellement, je ne pense pas qu’en République tchèque nous devrions poursuivre l’accélération du recul de l’âge à la retraite. Par ailleurs, sur la question des impôts, nous allons nous efforcer d’améliorer leur recouvrement avec des mesures pour mieux tracer l’argent et pour mieux encadrer la taxe sur la valeur ajoutée. »

Photo: Commission européenne
Parallèlement, la Commission met l’accent sur le travail des séniors. Alors que l’âge du départ à la retraite recule chaque année de deux mois, les personnes âgées de 55 à 64 ans, et surtout les femmes, sont en effet particulièrement touchées par le chômage. En outre, José Manuel Barroso, le président de l’institution européenne, souhaite que Prague réagisse à la baisse des investissements en République tchèque, en accord avec les récents propos du chef de l’Etat Miloš Zeman :

« Pour les quatre premiers mois de cette année, les investissements ont baissé de 16%. C’est une donnée terrible. »

Pour stimuler les investissements, notamment dans le domaine des transports mais aussi dans celui du logement social, le chef du gouvernement veut s’appuyer sur les fonds européens. Pour cela, il convient d’adopter rapidement la loi sur la fonction publique, condition sine qua non au bon transfert et au bon usage de cet argent, jusqu’alors bien trop souvent gaspillé et détourné frauduleusement.

Photo: Commission européenne
La Commission européenne émet également quelques recommandations en matière d’éducation : par exemple de rendre la profession enseignante plus attractive et de favoriser l’insertion dans le système scolaire des jeunes des familles disposant de faibles revenus. Bruxelles déplore aussi le nombre insuffisant de crèches et de maternelles en République tchèque. Jusqu’à l’âge de trois ans, seul 5% des enfants y fréquentent une crèche contre 30% dans les autres pays de l’UE. Ce qui n’est pas sans conséquence, notamment en matière d’égalité hommes-femmes, ainsi que le souligne le chef de la Représentation de la Commission européenne en République tchèque Jan Michal :

Jan Michal,  photo: Commission européenne
« Cela a des conséquences sociales car après leur maternité, les femmes reviennent sur le marché du travail en moyenne bien plus tardivement qu’ailleurs en Europe. L’écart de salaire se creuse donc entre ces femmes et les hommes. Cela a un impact sur la poursuite de leur carrière professionnelle et sur leur capacité à assurer leur retraite future. »

La recommandation sur les établissements destinés à l’accueil de la petite enfance ne date pas d’hier et la ministre du Travail et des Affaires sociales Michaela Marksová dit être consciente du problème. Pourtant, elle affirme que la situation ne devrait pas beaucoup évoluer ces prochaines années au motif que la création de telles écoles serait soumise à des « conditions plus complexes qu’auparavant ».