Le quotidien des soldats tchèques au Kosovo
Cette fois-ci, nous avons choisi d'évoquer la vie des Tchèques, la vie de tous les jours, mais pas en République tchèque. Nous vous présenterons la vie d'une catégorie de Tchèques un peu spéciale : les soldats tchèques qui font partie de la mission KFOR, donc celle qui maintient la paix au Kosovo. La reporter de Radio Prague, Pavla Jedlickova, s'y est rendue, il y a quelques temps, et en a rapporté des interviews vraiment intéressantes. La vie des soldats tchèques au Kosovo... N'est-ce donc pas aussi la vie de chaque jour ?
C'est ainsi que commence, avec l'hymne national tchèque, le quotidien des soldats de l'Armée tchèque qui opèrent au Kosovo, dans le cadre de la mission internationale KFOR. Aujourd'hui, cette mission compte dans les 20 000 soldats de diverses nationalités. A l'avenir, il ne devrait y avoir que 6 000 soldats étrangers au Kosovo.
Notre reporter a rencontré le commandant du 4ème bataillon de l'Armée tchèque, le lieutenant-colonel Zdenek Havala. Il nous présente les tâches des soldats tchèques :
« Le 4ème bataillon de l'Armée tchèque opère dans le sud-est du Kosovo, sur une superficie de 1 000 km², dans le cadre de la brigade multinationale Centre. Il garde plus de 100 km de frontière entre le Kosovo, la Serbie et le Monténégro ».
Quelles sont donc les tâches concrètes des soldats tchèques au Kosovo ?« Je les diviserais en deux parties. Notre première tâche est d'empécher la rencontre entre les armées de la Serbie et du Monténégro avec celle qui a été fondée sur la base de l'UCK, donc celle du Kosovo. Notre devoir est donc de les séparer. Les soldats tchèques accomplissent, aussi, ce qu'on peut appeler des opérations policières. Il s'agit surtout d'empêcher la contrabande, le déboisement illégal des forêts et autres ».
Et les réfugiés kosovars ? Comment les soldats de la KFOR, donc aussi ceux de l'Armée tchèque, assurent-ils leur rapatriement ?
« On peut dire que le rapatriement des réfugiés n'est pas réalisé comme il devrait l'être, en toute sécurité, comme le voudraient les représentants politiques des deux anciennes parties ennemies. Il existe, quand même, des localités où des logements sont prêts à acceuillir les réfugiés. Je ne pense pas, pour autant, qu'un retour massif des réfugiés kosovars aura lieu dans l'avenir le plus proche ».
Les soldats tchèques au Kosovo n'en sont pas, en général, à leur première mission dans la région. Le lieutenant-colonel Zdenek Havala y était en 1995, c'était la guerre encore. Il participa aux opérations multinationales en Bosnie. Aujourd'hui, il est au Kosovo. Un vétéran quoi... Mais les nouveaux ? Comme le sergent-chef Vlastimil Manak. Il est au Kosovo depuis quelques semaines seulement. Qu'y fait-il ?« Je suis maître-chien. Le chien, là, est un peu malade, mais normalement nous recherchons des armes et du matériel interdit que les habitants locaux pourraient avoir cachés dans leurs maisons. Les armes, surtout, pourraient être dangereuses pour le processus de paix dans la région et des armes, les habitants en ont souvent, c'est une chose tout à fait normale pour eux ».
Dans la mission KFOR, au Kosovo, il n'y a pas que des hommes. Dans l'armée tchèque, aussi, on trouve des femmes comme :
« Le sergent-chef, Ladislava Buskova ».
Que fait-elle donc, cette jeune femme qui a consacré une partie de sa vie à servir sous les drapeaux, au Kosovo ?
« Nous aidons, nous venons d'élaborer un projet de reconstruction d'un terrain de jeu à Hrtice. Nous avons réalisé la clôture de l'école de Krpimeye et la reconstruction des vestiaires et toilettes de l'école qui étaient, vraiment, dans un état désolant ».
Pourquoi l'aide aux enfants du Kosovo est-elle indispensable, une aide qui est financée souvent par des organisations bénévoles, civiques, à but non lucratif, comme celle qui s'appelle « Stonozka », la chenille ?
« Je pense que beaucoup d'enfants, ici, manquent de vêtements. Ils manquent de produits hygiéniques, de beaucoup d'autres choses. Leur situation est précaire, vraiment, même en ce qui concerne l'éducation, par exemple, ils ne disposent pas d'équipements sportifs, ou bien ils n'ont pas d'ordinateur, ce qui est courant en Tchéquie, ici cela manque ».
Bien que le sergent-chef Buskova n'en soit pas à sa première mission à l'étranger, il y a toujours quelques chose d'inoubliable, qui la frappe, dans ses missions. Qu'est-ce qui l'a fait même pleurer, au Kosovo ?
« C'était dans une famille pour laquelle nous avons construit une petite maison. Quand nous sommes arrivés, il y avait un peu de neige, déjà, nous avions un peu froid, nous aussi, et ils sont venus à nous en manches courtes, en tee-shirt, pieds-nus, c'était vraiment triste, cela restera gravé dans ma mémoire ».
Au Kosovo, la mission KFOR, avec la participation des soldats de l'Armée tchèque, ce n'est donc pas seulement des opérations militaires, mais aussi humanitaires, avec une aide dont les habitants ont bien besoin. C'est aussi le quotidien des Tchèques, soldats, hommes et femmes, en mission à l'étranger.