Le radelage en Tchéquie reconnu par l’UNESCO
La tradition du radelage en Tchéquie, en Autriche, en Allemagne, en Lettonie, en Pologne et en Espagne, a été inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Elle trouve son origine au Moyen Âge, lorsque les radeaux étaient utilisés pour transporter du bois, des marchandises et des personnes en utilisant les flux d’eau naturels.
Les premières mentions relatives à ce mode de transport par voie d'eau pour des pièces de bois sur la Vltava, rivière qui prend sa source dans le sud de la Bohême, remontent au XIe siècle. Du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle, en Europe et en Asie, le flottage a été en effet le mode de transport le plus courant et le moins onéreux pour le bois.
Sur le territoire tchèque, il a été probablement pratiqué sur toutes les rivières navigables, notamment sur la Vltava, mais aussi sur l’Elbe, la Malše, la Lužnice, la Nežárka ou encore sur la Berounka et la Sázava.
Ce mode de transport du bois, qui était à son apogée en Bohême au XIXe siècle, a disparu avec la construction des barrages et des lignes du chemin de fer. Mais la tradition perdure en République tchèque et elle cultivée par de nombreuses personnes. Les flotteurs (ou radeleurs) d’aujourd’hui, comme leurs prédécesseurs, maîtrisent la technique de construction du radeau. Ils doivent aussi avoir des connaissances relatives à sa navigation sur la rivière.
Enfin, le métier a sa culture spécifique, ses coutumes particulières, ses chansons et même son argot. On écoute un de ces amoureux du flottage, Jaroslav Camplík qui dirige l’association Vltavan :
« Le radelage a une longue tradition en République tchèque. C’est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération. Evidemment, c’est une attraction touristique aujourd’hui. De temps en temps, nous construisons un radeau comme l’ont fait nos ancêtres il y a cent ans et nous le mettons à l’eau, en présence du public. »
Plusieurs associations tchèques, créées au tournant des XIXe et XXe siècles à Prague, ainsi que dans les communes de Davle, Štěchovice et Pukarec, réunissent encore aujourd’hui des flotteurs. Elles sont membres de l’Association internationale des radelieurs qui a pour but la recherche de documents et de témoignages historiques sur le transport du bois par voie fluviale, ainsi que la sauvegarde des eaux et des écosystèmes fluviaux, lacustres et forestiers.
« Le radelage favorise la collaboration et la cohésion sociale au sein des communautés participantes et entre elles, et est désormais ouvert aux praticiens de tous âges, genres, milieux sociaux et culturels. La protection de l’eau et des systèmes écologiques ainsi que l’utilisation durable du bois sont profondément ancrées dans cette pratique », a souligné le Comité du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, réuni cette semaine au Maroc. Il a examiné au total 56 candidatures d’inscription.
La Tchéquie compte désormais huit pratiques figurant sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. Outre le radelage, il s'afit par exemple de la fauconnerie, du théâtre de marionnettes ou de la fabrication de décorations de Noël en perles de verre soufflé.