Le Sénat bénéficie d’un regain d’intérêt
Cette nouvelle revue de presse propose d’abord quelques observations se rapportant aux élections sénatoriales dont le second tour a eu lieu pendant le week-end écoulé. Il sera également question de la position plus faible que jamais des communistes. Un regard ensuite sur le changement climatique, sur le temps sec qui se maintient en Tchéquie et sur les conséquences attendues, notamment en termes de hausse des prix. Quelques réactions aussi suite au prêche prononcé par un prêtre pour la fête de Saint Venceslas et qui a entraîné une forte controverse. Et, enfin, une petite note économique.
« Les candidats des partis de la coalition gouvernementale, c’est-à-dire le mouvement ANO et le parti social-démocrate (ČSSD), n’ont réussi que dans deux cas, tandis que le parti civique démocrate (ODS), un parti d’opposition de droite, a imposé dix de ses candidats. Il s’agit là d’un fiasco que le cabinet d’Andrej Babiš ressentira douloureusement, car il ne pourra dorénavant s’appuyer que sur vingt sénateurs sur un total de 81. Ainsi, il aura du mal à imposer des lois qui déplairont à l’opposition. Or, en dépit d’une forte abstention pour ce second tour des élections sénatoriales, leurs résultats pourraient avoir une grande importance pour l’évolution politique en Tchéquie. »
Le départ des communistes
« Les communistes à bout de souffle. Ils ne constituent aucune alternative et ils n’ont plus rien à offrir. » C’est le titre d’un article publié dans l’hebdomadaire Reflex, qui constate qu’au bout d’un long laps de temps, un peu trop long même, les communistes tchèques se retrouvent finalement repoussés à la périphérie de l’histoire. Un fait confirmé par leurs faibles résultats aux dernières élections législatives, municipales et sénatoriales. A propos des causes multiples de cette situation, l’auteur de l’article indique entre autres :« Le parti communiste de Bohême et de Moravie (KSČM) est désespérément dépourvu de tout signe de modernisation. Au moment où le développement technologique de la société s’accélère, les communistes avancent comme des escargots, ressemblant à des dinosaures dans un musée. Ils travaillent mal avec les réseaux sociaux, leurs sujets sont obsolètes. Tandis qu’au cours des vingt dernières années, la société s’est radicalement transformée, le parti communiste est dirigé par des personnes d’un certain âge ou par des staliniens qui sont profondément ancrés dans le passé, n’offrant aucun attrait et aucun intérêt pour l’avenir. »
Le nombre de membres, en baisse, constitue un autre problème grave et durable du parti communiste tchèque. D’autant plus que leur âge moyen est élevé et le nombre de nouvelles recrues jeunes est très bas. Cela dit, d’après l’auteur du texte publié dans l’hebdomadaire Reflex, la chute des communistes tchèques dans l’oubli dure, à la différence de beaucoup d’autres pays européens, beaucoup trop longtemps.
Un bel été indien, mais...
Le beau temps ensoleillé et chaud qui règne actuellement en Tchéquie semble plaire à une grande partie de ses habitants qui d’ailleurs en témoignent sur les réseaux sociaux. Sauf bien entendu ceux qui vivent à la campagne, qui n’ont plus de quoi arroser leur jardin et qui sont désormais contraints de réaliser d’importantes économies en eaux. Pourtant, comme le constate un article intitulé « Un bel automne comme le présage d’une apocalypse dont on ne veut pas parler ouvertement » mise en ligne sur le site aktuálně.cz, « cet octobre n’est pas autre chose que la continuation d’un été monolithe à n’en plus finir et d’une sécheresse dévastatrice. » Son auteure, Michaela Pixová, experte en géographie sociale, écrit :« La semaine dernière, le panel climatique de l’ONU a publié un rapport sur la progression du changement climatique qui est à l’origine du temps extrêmement chaud et sec qu’a connu la Tchéquie, ainsi que d’autres événements extrêmes, comme les incendies dévastateurs en Grèce et en Amérique du Nord. Les conclusions scientifiques sont totalement alarmantes, car le changement climatique commence à échapper aux prédictions initiales et évolue à une vitesse qui risque d’avoir des conséquences catastrophiques pour l’humanité. »
L’auteur du texte publié sur le site aktuálně.cz remarque qu’à la différence des médias mondiaux qui ont consacré une grande attention aux conclusions du rapport de l’ONU, les médias tchèques les ont tantôt passées sous silence, tantôt présentées d’une manière qui est loin d’être alarmiste :
« D’habitude, les informations concernant les différents événements météorologiques comme les tempêtes, les ouragans, les températures records ou les grands incendies, sont présentées sans référence au contexte du changement climatique. En outre, le ton de certains textes s’y rapportant est rassurant, car il propose des parallèles et des expériences historiques identiques ou encore il insiste sur de prétendues innovations et d’autres solutions techno-optimistes. »
Le journal Mladá fronta Dnes rapporte pour sa part qu’à ce jour, la sécheresse a causé en Tchéquie des dégâts pour près de 24 milliards de couronnes, lesquels touchent presqu’à part égale les agriculteurs et les exploitants forestiers, ce qui se répercutera naturellement dans l’augmentation de certains prix. Seront notamment concernés les produits de boulangerie, les pommes de terre et les carpes. Une hausse du prix de la bière est également envisagée, mais de quelque 5 % seulement.
Lorsqu’un prêche soulève une grande controverse
Rarement un prêche n’a soulevé en Tchéquie un tel émoi et autant de réactions que celui qui a été prononcé le 28 septembre dernier, jour de fête dédié à Saint Venceslas, à la cathédrale Saint-Guy à Prague, par le prêtre Petr Piťha, 80 ans, ancien ministre de l’Education nationale. Le prêche a été dénoncé notamment pour son caractère homophobe et pour toute sorte de formulations radicales liées à l’adoption par la Tchéquie de la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes et aux violences domestiques. Une loi jugée par le prêtre comme « tout à fait perfide », car elle serait selon lui dirigée contre la famille traditionnelle. Petr Piťha a reçu par la suite le soutien du primas tchèque, l’archevêque Dominik Duka, tout en essuyant également des critiques, et ce même dans les milieux religieux. Qualifiant ce prêche de scandaleux, le prêtre Tomáš Halík, sociologue et enseignant universitaire, par exemple, a écrit pour le quotidien Lidové noviny :« Parmi les ecclésiastiques, on aurait du mal à trouver quelqu’un qui puisse s’identifier pleinement avec les propos absurdes contenus dans ce prêche prétentieux. Mais il est tout aussi vrai qu’une partie d’entre eux inclinent vers des positions religieuses ultra-conservatrices qui s’approchent dangereusement de l’extrémisme politique de droite. On a affaire à une opposition au pape François et à ses efforts en vue d’une réforme nécessaire de l’Eglise, cette opposition qui devient de plus en plus agressive. »
D’après ce que l’on peut lire dans le texte qui a été publié dans le quotidien Lidové noviny, « dans certains cercles catholiques ultra-conservateurs, non seulement chez nous, mais aussi en Pologne, en Hongrie et en Slovaquie, on voit maintenant revivre les tendances qui se sont manifestées sous la Deuxième République (1938-1939). L’époque où le refus de la démocratie libérale et les sympathies à l’égard des régimes autoritaires ont conduit une partie des catholiques à des positions fascisantes ». Une situation, d’après Tomáš Halík, dont profite à l’heure actuelle la propagande russe pour diffuser de fausses nouvelles afin de nourrir au sein de la société une animosité à l’égard de l’Union européenne.
Les groupes tchèques investissent à l’étranger
Dans la région de l’Europe centrale et orientale, la Tchéquie représente l’un des investisseurs les plus actifs. Le magazine Ekonom rapporte à ce propos :« La Tchéquie n’est plus une simple maison de commerce où les grands groupes de l’Europe occidentale peuvent acheter des groupes prospères à leur guise. Les entreprises tchèques ont désormais une condition financière tellement bonne et jouissent d’un tel renom qu’elles peuvent se permettre d’acheter leurs concurrents, des fournisseurs ou des distributeurs à l’étranger. Certaines d’entre elles sont même fortes au point, qu’elles achètent dans les pays les plus développés, tels que l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. »
L’année dernière, des sociétés tchèques ont ainsi acheté à l’étranger 59 firmes. Ce nombre atteint la trentaine depuis le début de l’année.