Le système controversé de dotations à la culture vient d’être supprimé
Le nouveau système de dotations à la culture de la Mairie de Prague, basé sur le principe d’une subvention au billet vendu qui défavorisait les organismes non commerciaux en faveur des institutions culturelles à but lucratif, a été supprimé. Le maire Pavel Bém a reculé devant l’ampleur des protestations d’une importante partie du monde culturel praguois. Il n’a cependant pas reculé face à la demande de révocation de son adjoint à la culture, Milan Richter, qui a catalysé toutes les colères des artistes et théâtres pragois ces dernières semaines.
« Démission, vous êtes un menteur… », a entendu le conseiller pragois à la culture, Milan Richter, de la part des artistes en colère. C’est lui qui a introduit le nouveau système de subventions attribuées selon des critères quantitatifs, en fonction du nombre de billets vendus. Système qui a mis en péril de nombreux théâtres de renom comme Semafor ou Archa, où la nouvelle pièce de Vaclav Havel est actuellement jouée. La grogne des artistes a culminé à la fin du mois de mai avec les « Journées de l’inquiétude » et la pétition « Pour une Prague culturelle » signée par 30 000 personnes.
La déclaration communiquée lundi à la ČTK, l’agence de presse tchèque, par le maire Pavel Bém et son adjoint à la culture Milan Richter se propose d’être une main tendue aux artistes en révolte : ainsi, cette année, Prague donnera aux institutions culturelles des dotations équivalentes à celles attribuées en 2007, mais à condition qu’elles soient d’accord avec un audit. Une nouvelle étape de la transformation des théâtres subventionnés par le budget de la ville de Prague sera suspendue. Le concours pour le poste de directeur de quatre scènes praguoises, parmi lesquelles les théâtres Na Vinohradech et Na Zábradlí, n’aura pas lieu et leurs directeurs actuels resteront en fonction jusqu’au 30 juin 2009. Finalement, le principe d’une subvention au billet vendu, qui aurait signifié la mort de plusieurs petits théâtres, sera supprimé.
Cette décision grâce à laquelle le maire espère calmer la situation ne plaît pas pour autant à certains théâtres qui avaient salué la refonte du système de subventions.
Parmi eux, Petr Kratochvíl, propriétaire d’un théâtre commercial à Prague, avec lequel tout a commencé. Il y a un an, Kratochvíl a porté plainte auprès de la Cour européenne de Strasbourg à cause du système de subventions accordées aux théâtres privés. Dans l’espoir de détourner le procès, la marie a mis en place dans l’urgence un nouveau système de subventions qu’elle vient de supprimer, après sept mois d’existence. Petr Kratochvíl n’exclut pas de reprendre le procès. Le critique de théâtre Vladimír Just considère pour autant le système de subvention au billet vendu selon le principe « plus de sièges, plus d’argent » comme intenable :« Les grandes arènes devaient bénéficier des moyens publics de 10, 20, et 100 fois supérieurs pour la simple raison qu’elles ont plus de sièges – une logique qu’on ne trouverait nulle part ailleurs en Europe civilisée. »
La mairie de Prague supprime non seulement le système de subvention au billet vendu mais aussi la commission qui décidait de l’attribution des subventions et qui sera remplacée par un corps de conseillers du maire. L’attribution des subventions pluriannuelles sera dorénavant conditionnée par un audit économique et personnel de l’institution culturelle.