Václav Havel s’engage en faveur du monde culturel pragois en révolte

Václav Havel

L’ancien président tchèque Václav Havel a longtemps soutenu qu’il ne souhaitait pas s’impliquer publiquement sur la scène politique du pays. La crise qui oppose le monde du théâtre et une partie du monde culturel pragois à la mairie de la capitale tchèque l’a fait sortir de son silence.

Václav Havel
C’est par une tribune dans l’édition de samedi du quotidien Lidové noviny que Václav Havel s’est exprimé, avec un message qui ne laisse guère de doute : il a tout bonnement appelé les Pragois a ne pas reconduire le mandat du parti de la droite libérale, l’ODS, qui dirige la capitale tchèque depuis plusieurs années, lors de prochaines élections. Déjà avant la première attendue de sa nouvelle pièce de théâtre Sur le départ, il avait exprimé son désaccord avec la nouvelle politique culturelle de la mairie. Le théâtre Archa où est jouée sa pièce est d’ailleurs une des figures de proue de la fronde des anti-Milan Richter, l’adjoint au maire chargé de la culture dont les protestataires exigent la démission. Rappelons que c’est le nouveau système de subventions qui est en cause, un système qui défavoriserait les organismes non commerciaux, en faveur des institutions culturelles à profit.

Photo: CTK
La semaine dernière se sont déroulées les « Journées de l’inquiétude » qui se sont achevées jeudi par une manifestation devant le bâtiment de la mairie et l’interruption des manifestants pendant la réunion des élus municipaux. Si la table-ronde de mercredi dernier semblait avoir fait un peu avancer les choses des deux côtés, les éclats de jeudi ont exacerbé les tensions. Mais pour la directrice du théâtre de Dejvice, Eva Měřičková, c’est le résultat de deux mois d’absence de communication de la part de la mairie :

« Cette manifestation était aussi due au fait que seuls les gens du théâtre ont été invités à la table ronde. Ceux qui se sont rassemblés devant la mairie, c’était les représentants de tous les secteurs en danger. Nous l’avons dit à plusieurs reprises : les théâtres ne sont pas les seuls concernés, tout le monde doit être représenté car chaque secteur a des besoins spécifiques. »

Pavel Bém,  photo: CTK
Dans sa tribune, Václav Havel a souligné que ce combat des petits théâtres, mais aussi des galeries, des festivals et autres institutions n’était pas un combat pour quelques millions de couronnes, mais une lutte pour la signification même de la nation. L’ancien président a décidé de frapper fort en critiquant la vision d’ensemble de l’équipe municipale au pouvoir, qu’incarne le très médiatique maire Pavel Bém. Il a dénoncé des changements urbains insensés à Prague, regrettant que le centre se vide de sa population et que la vie culturelle du coeur historique soit adaptée aux besoins du tourisme. Une perte d’âme qui, d’après lui, sera à terme synonyme de désafection des visiteurs.

Le maire de Prague Pavel Bém n’a pas été surpris par ces déclarations, soulignant seulement que nombre des activités de l’ancien président avaient été dirigées contre l’ODS.

En attendant, le nombre de signatures sous la pétition « Pour une Prague culturelle » continue de gonfler, 26 500 en ce début de semaine.