Le système tchèque de radar Vera, objet de toutes les convoitises

Radar Vera, photo: www.era.cz
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La société Era, basée à une centaine de kilomètres à l'est de Prague, attire des clients du monde entier. Le système de radar passif qu'elle a mis au point est courtisé par de nombreux Etats, mais Washington veille au grain.

A la fin du mois de juin, la République tchèque a vendu à l'Estonie pour environ 100 millions de couronnes (3,33 millions d'euros) un exemplaire du radar passif Vera, capable de détecter les avions furtifs. L'Estonie devient ainsi le troisième pays à disposer de ce système, après la République tchèque et les Etats-Unis.

Fabriqué par l'entreprise Era, basée à Pardubice, le radar Vera est le successeur d'un autre système passif tchèque, appelé Tamara. C'est ce système qui a très probablement permis aux forces serbes d'abattre un bombardier furtif américain en mars 1999, lors des bombardements de l'Otan sur la Yougoslavie.

Le système Vera serait à ce jour l'un des seuls au monde capable de détecter l'avion américain « Stealth », pourtant censé être invisible. On comprend dès lors pourquoi Washington ne tient pas à ce que ce système soit vendu à des Etats qui ne font pas partie de l'alliance nord-atlantique.

Par le passé, l'Egypte et la Malaisie avaient également manifesté leur intérêt pour le radar tchèque, sans parvenir à obtenir de licence. En mai 2004, Prague avait renoncé à la vente de six exemplaires de Vera à la Chine, suite à de fortes pressions des Etats-Unis. Peu de temps après, Washington avait acheté un exemplaire du radar, « pour le tester ».

Aujourd'hui, ce sont le Pakistan et le Vietnam qui semblent s'intéresser de près aux radars tchèques. Selon René Kozisek, directeur du département des matériaux spéciaux au ministère de l'Industrie et du Commerce, la licence nécessaire pour une telle acquisition par Islamabad serait en passe d'être validée. Mais la transaction ne devrait porter que sur un modèle précis de Vera, et non sur celui dont se méfient tellement les Américains.

Omnipol, la société tchèque chargée de la commercialisation de ces radars, a quant à elle déposé une plainte devant le Tribunal de Prague pour faire annuler l'interdiction d'exporter ses produits vers la Chine. Le manque à gagner pour la partie tchèque est conséquent, mais entre commerce et politique il faut savoir choisir, comme le soulignait alors Andrej Cirtek, porte-parole du ministère de la Défense : « Nous soutenons notre industrie d'armement et encourageons l'exportation de notre technologie, mais nous devons agir en concertation avec nos alliés ».