Le thriller familial de Kateřina Janouchová
« Mon roman La Consœurie est une histoire de femmes qui se réunissent pour venger la violence contre les femmes », dit Kateřina Janouchová de son livre dont la traduction tchèque est sortie aux éditions Mladá fronta. Le livre qui fait partie d'un cycle de romans dont le personnage principal est l'infirmière accoucheuse Cecilia Lund, raconte la vie d'une femme et d'une famille suédoise contemporaine. Kateřina Janouchová évoque dans son roman toute une série de problèmes qui compliquent la vie des Suédois et pas seulement la leur – la désagrégation de la famille classique, l'infidélité, la violence, le fossé entre les générations. Et il y a aussi une intrigue policière. L’auteur nous invite dans l'intimité d'une femme qui, malgré les déceptions que lui a apportées son existence, ne renonce pas à la volonté d’être heureuse et de rendre heureuse sa famille.
Dans sa création littéraire, Kateřina Janouchová, qui publie ses livres en Suède sous le nom de Katerina Janouch, s’inspire souvent de sa biographie mais signe également toute une série d’ouvrages de fiction. Tel est le cas du cycle de romans sur la vie de Cecilia Lund, infirmière accoucheuse dans un hôpital de Stockholm. Le roman Systerskap (La Consœurie) fait partie de ce cycle :
« J’ai appelé ce roman La Consœurie parce que c’est un roman sur la vengeance des femmes. C’est l’histoire de femmes qui se réunissent pour venger la violence faite aux femmes. Je dirais que c’est un livre sur un groupe de femmes mais aussi un roman sur les rapports entre les femmes qui s’entraident. Le personnage principal est Cecilia Lund, qui a quatre enfants, deux soeurs, une mère, une grand-mère et occupe une position centrale dans sa famille. Le roman a pour thème le travail de Cecilia dans un hôpital mais aussi ses différents rôles dans la vie, car elle est mère, épouse, sœur, et le livre évoque donc sa vie dans son ensemble. »
Dans le roman, qui est le deuxième tome du cycle, nous retrouvons Cecilia Lund à un moment crucial de sa vie. Elle voit s’effondrer son mariage à cause de l’infidélité de son mari, elle se voit obligée de préparer la vente de la maison où elle a vécu heureuse avec ses proches et elle sent que l’effondrement de son mariage blesse ses enfants qui se détachent d’elle. Elle cherche le réconfort et l’oubli dans son travail à l’hôpital qui est pourtant loin d’être facile et lui apporte également de nombreux problèmes. Au-delà d’un destin individuel, ce roman de Kateřina Janouchová donne également une image de la société :« Le roman reflète la société suédoise mais aussi la vie moderne des femmes, la vie dans les familles, la vie des enfants, tout ce qui se passe dans la vie des gens de notre temps. Le thriller familial est un genre de mon invention, je dirais que c’est mon genre à moi. Le personnage principal est une femme qui n’est pas une commissaire de police, ce n’est pas un thriller traditionnel ou un roman policier classique mais il s’y passe des choses et même des crimes que Cecilia désire élucider. C’est pourquoi je dis qu’il s’agit d’un ‘thriller familial’. Il y a donc des éléments de roman policier, oui. »
Absorbée par ses problèmes de famille et de travail, Cecilia ne réalise pas que dans sa proximité immédiate s’est formé un petit groupe de jeunes femmes qui refusent de rester passives face à la brutalité masculine. Elle ne veulent plus tolérer les agressions nocturnes contre les femmes seules et décident de répondre à la violence par la violence. Les membres de cette « consœurie » se révoltent contre l’incapacité de la police de sévir efficacement contre les violeurs anonymes qui rôdent la nuit dans les rues et les parcs de la ville et elles osent se faire justice elles-mêmes. Cecilia ne sait pas que dans ce trio de jeunes femmes, il y a les filles de sa soeur et d’une amie proche. Elle ne pourrait sans doute pas être d’accord avec les moyens de vengeance utilisés par ces jeunes filles en colère mais elle ne sait pas encore qu’un jour elle aura elle-même besoin de leur secours.
La Consœurie n'est pas un roman autobiographique mais Kateřina Janouchová avoue y avoir mis les expériences de sa propre vie qu’elle a acquises en tant que mère, fille, sœur et aussi en tant que femme moderne. Elle aussi est mère de famille, elle a cinq enfants et la vie avec son mari, qui a longtemps lutté contre l’alcoolisme, n’a pas été toujours facile. La vie de Cecilia Lund ressemble donc dans certains points à celle de Kateřina Janouchová et cela donne au roman un goût d’authenticité apprécié par les lecteurs et les lectrices :« En Suède, ce cycle de romans est très populaire, il est très bien reçu, les lecteurs l’aiment beaucoup et sa popularité augmente encore avec chaque tome paru. Je suis donc bien contente. J’ai écrit six tomes de ce cycle, six livres sont déjà sortis. Je suis en train d’écrire le septième tome et j’envisage d’en écrire dix. Je ne manque pas d’inspiration. Il me suffit d’ouvrir un journal ou de visiter le web et j’ai tout de suite plein de sujets. Je ne peux pas dire donc que la source de mon inspiration est tarie. »
Une grande partie des livres de Kateřina Janouchová ont été traduits en tchèque par Lucie Johnová et publiés par la maison d’édition Mladá fronta. Bien qu’elle parle très bien tchèque, Kateřina n'envisage pas de traduire elle-même ses livres dans la langue qu'elle considère comme sa langue maternelle :
« Je ne suis absolument pas tentée de traduire moi-même mes romans en tchèque. Lucie Johnová est une excellente traductrice et je n’ai pas le temps pour traduire mes textes. En plus, je manque d’assurance en écrivant en tchèque. Je lis en tchèque, je parle tchèque, mais je n’arrive pas à imaginer écrire des romans en tchèque. Je suis très à l’aise en écrivant en suédois. »
Aujourd’hui, Kateřina Janouchová fait partie des personnalités très en vue en Suède. Ses activités sont d’une ampleur prodigieuse et sa tête est toujours pleine de projets littéraires. Elle aimerait écrire encore plus de textes autobiographiques, écrire sur sa vie. Elle envisage aussi de continuer à écrire des livres pour enfants et adolescents :« J’ai donc beaucoup d’idées et mes projets me suffiront pour toute ma vie. Je ne renoncerai pas non plus au journalisme que j’aime beaucoup parce que c’est une activité complémentaire à la création littéraire. Ecrire dans les journaux et interviewer des gens, c’est un travail intéressant qui m’apporte de la satisfaction. C’est donc une partie de mes activités que je veux poursuivre. Et même si j’ai réduit mes activités journalistiques ces dernières années, j’y reviens maintenant. »