Le VIH progresse en République tchèque
Avec 266 nouvelles infections identifiées en 2015, l’épidémie de VIH progresse comme jamais auparavant en République tchèque, un pays qui reste malgré tout faiblement touché comparativement à d’autres. Il n’en reste pas moins que la maladie se développe justement du fait qu’une bonne partie de la population tchèque s’estime, à tort, hors de sa menace.
« Le nombre de personnes diagnostiquées positives au VIH l’an dernier est de loin le plus élevé depuis que la maladie fait l’objet d’un suivi. Ce nombre atteint 267. Au total, 2620 personnes ont été diagnostiquées positives au VIH en République tchèque. Je pense que ce sont des chiffres alarmants. »
D’autant plus que ces chiffres ne concernent que la population chez qui la présence du virus a été identifiée. Le nombre de personnes infectées, sans le savoir, est probablement bien plus élevé, peut-être autour de 10 000 selon les estimations de Petr Knížek. Il faut dire que les premières phases de la maladie peuvent passer presque inaperçues, quand le virus, qui se transmet via les fluides corporels et donc notamment à l’occasion de relations sexuelles non protégées, se propage dans l’organisme et s’attaque progressivement au système immunitaire de son hôte.
On parle du sida dans la dernière phase de l’infection du VIH, quand ce système immunitaire est très affaibli et qu’en conséquence, l’organisme est sujet à toute une série de maladies opportunistes qui vont provoquer sa mort. En République tchèque, sur les 2620 personnes diagnostiquées séropositives depuis l’apparition du virus, 558 ont atteint ce stade du sida dont près de la moitié sont décédées. 31 nouveaux cas de sida ont été détectés en 2015, une donnée également record. Petr Knížek revient sur les différents paliers de diffusion du VIH en République tchèque :
« Historiquement, si l’on jette un œil aux statistiques, les tests de séropositivité ont commencé en 1985 en dans le pays. Au début, les choses allaient plutôt bien, les cas étaient relativement rares. La rupture est intervenue en 2002, quand le nombre de cas annuel a commencé à être supérieur à 50. A partir de 2007, on a franchi le seuil de 100 cas par an et depuis 2012, nous comptabilisons plus de 200 nouveaux cas par an. »Qu’est-ce qui explique la diffusion accélérée du virus en République tchèque ? Petr Knížek donne quelques éléments de réponse :
« Je pense que probablement la population tchèque n’a pas le sentiment que cette maladie serait une menace actuellement pour elle et qu’il est nécessaire d’agir préventivement face à elle. L’attention se porte sur d’autres maladies qui semblent plus intéressantes, par exemple à l’heure actuelle sur le virus Zika. De plus, je pense qu’il y a aujourd’hui l’idée que nous avons tout sous contrôle, que nous disposons de médicaments pour toutes les situations, que si nous faisons face à une maladie, nous la soignons, et que la vie va continuer, que rien ne va se passer. »
Or, si de nombreux médicaments sont à disposition et s’il s’en développe régulièrement de nouveaux, le sida reste incurable. Il est donc aujourd’hui possible de prolonger l’espérance de vie du patient mais toujours pas d’empêcher sa mort des suites de la maladie.