Le XXe siècle vu par une femme rom

Elina Machalkova à dix-sept ans
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Un témoignage et un regard hors du commun sur les turbulences du XXe siècle. C'est ainsi que l'on pourrait qualifier le livre qui paraît, ces jours-ci, dans les librairies tchèques et qui offre des récits de deux femmes roms, des septuagénaires toutes les deux, sur leur vie et sur celle de leurs familles. L'une d'elles, Elina Machalkova, s'est confiée à Radio Prague.

Elina Machalkova  (Photo : Jana Sustova)
« Je conte dans ce livre la vie de ma famille, depuis la naissance de mes arrière-grands-parents. Je pense qu'elle le mérite bien, car c'est une famille extraordinaire. Je peux dire que, dans un certain sens, c'était une famille exceptionnelle, car très adaptée à la société majoritaire. J'espère que j'ai écris leur histoire ainsi que la mienne d'un coeur sincère et plein d'amour. J'ai tenu notamment à dire que l'instruction a toujours joué un grand rôle dans notre famille. La preuve - ma fille aînée et l'une de mes petites-filles sont institutrices. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, moi-même, j'ai voulu faire des études universitaires, mais - au déplaisir de mon père - j'ai finalement préféré m'occuper de mes enfants...Je peux donc dire que l'éducation a toujours compté pour mes grands-parents, pour leurs enfants et pour nous-mêmes ».

Elina Machalkova habite la commune de Nesovice, en Moravie. C'est non loin de là, dans un camp près de la ville de Hodonin que fut interné, pendant la guerre, son grand-père avant d'être déporté vers Mauthausen. A l'époque, Elina avait quatorze ans :

« Nous n'en savions pas grand-chose. Ce n'est qu'après la guerre que nous avons révélé toute la vérité. C'étaient des choses dont il était interdit de parler. En plus, les gens avaient peur de parler. Notre famille était persécutée, on souffrait de la faim, on n'avait pas le droit de s'éloigner plus de vingt kilomètres de notre village. Le pire, c'était d'être menacé par la déportation vers un camp de la mort. C'était terrible, on avait tout le temps peur. Mais nous avons survécu, grâce surtout au soutien de l'ensemble de la commune et de son maire... Mais force m'est en même temps de constater que parmi les Tchèques, il y avait aussi des traîtres, des « Judas ». C'est le cas de Karel Hasler, très populaire compositeur de chansons tchèque, qui l'illustre parfaitement. Un jour, lorsqu'il se trouvait dans une auberge, dans un village tchèque, il chantait sa version « actualisée » de l'une de ses chansons très connues. Dénoncé, la gestapo l'a arrêté le lendemain et envoyé à Mauthausen d'où il n'est plus revenu ».

Quelques mois avant la fin de la guerre, Elina Machalkova a échappé de justesse à la stérilisation. Elle s'en souvient :