Désigné comme tête de liste de la social-démocratie (CSSD) à Prague en vue des prochaines élections législatives, en juin 2006, le vice-Premier ministre en charge de l'économie, Martin Jahn, a annoncé, lundi, qu'il allait quitter le gouvernement et toute fonction politique à la fin de l'année. Un coup dur pour le Premier ministre, surtout que Pavel Telicka, l'ancien commissaire européen tchèque que Jiri Paroubek a sollicité, a poliment refusé de le remplacer.
Martin Jahn, photo: CTK
Libéral sans parti, Martin Jahn est membre depuis 2004 de la coalition gouvernementale tripartite de centre-gauche au sein de laquelle ses qualités d'expert en économie sont unaninement reconnues. C'est sur ses qualités et son image d'homme d'affaires intègre, pragmagtique et efficace que la social-démocratie comptait pour grapiller les voix d'électeurs indécis ou de tendance plutôt de droite et contrer ainsi, à Prague, Mirek Topolanek, leader du Parti civique démocrate (ODS) et tête de liste de la principale formation de l'opposition. La capitale, qui peut s'enorgueillir d'un faible taux de chômage à 3,5 % et d'un niveau de vie bien supérieur au reste du pays constitue, en effet, un bastion traditionnel de la droite tchèque.
Mais séduit par une proposition en provenance du secteur privé et parce qu'il affirme que les pratiques politiques ne sont pas faites pour lui, Martin Jahn a donc décidé de renoncer à poursuivre sa collaboration avec le principal parti de la coalition. Pour parer à cette décision quelque peu inattendue et mal venue, Jiri Paroubek a sorti un autre joker de sa manche en faisant appel à Pavel Telicka. « C'est un grand professionnel en politique internationale et j'aimerais l'avoir au sein du gouvernement, a ainsi confirmé, depuis Paris, le Premier ministre. Le fait qu'il ne soit membre d'aucun parti n'empêche pas qu'il soit notre tête de liste ».
Manque de chance, Pavel Telicka, qui n'a pas oublié que la social-démocratie n'avait pas hésité à le démettre de son poste de commissaire européen lorsqu'il s'était agi de « recaser » le Premier ministre démissionnaire Vladimir Spidla à l'été 2004, a répondu par un « non » ferme, argumentant qu'il était trop engagé actuellement dans ses affaires.
Sans leader et surtout sans personnage de poids pour lutter à armes égales contre le Parti civique démocrate à Prague, Jiri Paroubek cherche donc aujourd'hui une nouvelle fîgure populaire qui le sortira de l'embarras, même si le temps ne presse pas encore. Une chose est sûre cependant pour la presse tchèque : ce n'est pas au sein de son parti qu'il la trouvera.