L’Enfant Jésus de Prague voyage jusqu’au Sénégal
La célèbre statuette de l’Enfant Jésus de Prague attire chaque année des touristes du monde entier jusque dans l’église pragoise Notre-Dame-de-la-Victoire, où elle repose depuis le XVIIe siècle. Loin de s’arrêter aux frontières de la Tchéquie, la dévotion qu’elle suscite résonne même jusqu’au Sénégal ; plus concrètement à Tivaouane Peulh, une commune de la banlieue de Dakar où l’archevêque émérite de Prague Miloslav Vlk a fait don d’une réplique de la statuette de cire.
« Cela faisait plusieurs années que l’ambassadeur tchèque au Sénégal souhaitait construire une église du nom de l’Enfant Jésus de Prague, mais ce projet est resté en suspens à l’époque où le cardinal Théodore-Adrien Sarr était encore archevêque de Dakar. Lorsque le nouvel archevêque Monseigneur Benjamin Ndiaye a été nommé, l'ambassade tchèque a relancé le projet et les négociations ont commencé pour que cette église soit construite. Il y avait une grande célébration dans la cour à laquelle des milliers de personnes ont assisté. »
Selon Père Edouard, l’exode rural s’intensifiant en direction de Dakar, la capitale sénégalaise fait difficilement face à l’afflux de population. A quelques kilomètres plus au nord-est, le prêtre de la commune suburbaine de Tivaouane-Peulh explique les conséquences pour sa paroisse :
« Il y a de l’espace dans la banlieue de Dakar, et grâce aux coopératives d’habitants, les travailleurs ont acquis des maisons à Tivaouane Peulh. Je suis donc là pour accueillir tous les croyants qui arrivent dans la commune. »
Père Edouard reçoit chaque semaine de nouveaux travailleurs. Et ce même si, à ce jour, la communauté n’a toujours pas d’église digne de ce nom pour accueillir le petit Jésus pragois. Un an après l’arrivée de la statuette au Sénégal, Radio Prague a recontacté Père Edouard à ce sujet :« Les moyens étant limités, nous avons dans un premier temps voulu créer une église spirituelle, de telle sorte que les paroissiens soient d'abord unis, forment un corps harmonieux et s'entendent pour pouvoir bâtir l'édifice de l'église. ».
Les mots du Père Edouard appellent à la patience, à l’heure où il dispose uniquement d’un abri temporaire qui peut accueillir jusqu’à 500 croyants lors des messes le dimanche ou durant la semaine. Quant à la paroisse, elle existe déjà, puisque les croyants habitent sur place, tandis que le prêtre dispose d’une maison, d’un salon, ainsi que d’un bureau dans lequel il reçoit. La communauté manque seulement de moyens financiers pour entamer les travaux de construction de l’église de l’Enfant Jésus de Prague.
Si la construction de cette église sénégalaise entraîne tant d’énergie, c’est grâce à la notoriété de la statuette. Le petit Jésus de Prague suscite encore aujourd’hui un fort enthousiasme auprès des touristes et des catholiques du monde entier grâce à sa riche histoire. Haute de seulement 48 centimètres, la statuette originaire d’Espagne a voyagé de mains en mains jusqu’à Prague. C’est en 1628 qu’elle a été offerte aux Carmélites de Prague par Polyxène de Pernstein, une fille d’une amie de Sainte Thérèse d’Avila à laquelle la statuette aurait appartenu en premier. C’est donc à Prague que la dévotion pour l’Enfant Jésus s’est développée ; une dévotion qui s’exprime dorénavant partout dans le monde.C’est aussi pour cette raison que l’ambassade de République tchèque continue de s’impliquer, comme s’en réjouit le Père Edouard :
« Nous sommes en contact permanent avec l’ambassade tchèque. Samedi et dimanche derniers, à l’occasion de la première fête patronale, l’ambassade a envoyé quatre représentants. Les ambassadeurs d’Autriche, de Belgique, et un ancien ambassadeur tchèque au Congo étaient présents également. Ils étaient tous à la paroisse dimanche avec nous. »
Il est à prévoir que l’ambassade de République tchèque au Sénégal continuera d’entretenir des liens étroits avec la commune, dans le but commun de protéger le petit Jésus de Prague.