Les accouchements par césarienne en augmentation en République tchèque
De plus en plus de femmes dans le monde donnent naissance à des enfants par césarienne. Tel est le constat de l’Organisation mondiale de la santé, qui parle même d’« épidémie ». En République tchèque aussi, la tendance est à la hausse. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qui peut être considéré comme des accouchements de confort, du côté des parturientes, mais aussi souvent de la part des obstétriciens.
Si pour la plupart des femmes, toute grossesse va de pair avec la peur de l’enfantement, la césarienne serait pour certaines une façon de passer outre ce moment que toute femme redoute depuis des millénaires. Mais pour Iva Mykisková, adjointe du chef de la clinique de gynécologie et d’obstétrique de Bulovka, à Prague, la césarienne ne règle de loin pas le problème des douleurs de l’accouchement :
« Je ne sais pas si la césarienne est la meilleure façon d’éviter les douleurs de l’accouchement. Evidemment, on évite les douleurs au moment de la phase de dilatation et aussi celles de la phase d’expulsion. Mais ces douleurs, la femme les oublie grâce à l’action de l’ocytocine. Et de toute façon, cette douleur est en général largement compensée par la joie de l’enfant qui vient de naître et par le fait que la femme a tout surmonté. Tandis que peu de femmes qui veulent une césarienne se rendent compte que le gros des douleurs et des problèmes survient après l’opération. La convalescence est également beaucoup plus longue. »
Dans un monde où la surmédicalisation est importante, l’accouchement ne fait donc pas exception. Si la perspective d’une césarienne peut paraître rassurante à première vue, beaucoup de femmes oublieraient les aspects positifs d’un accouchement certes douloureux, mais naturel. Pour Petra Sovová, du Mouvement pour une maternité active, c’est sans compter les risques inhérents à toute opération :« Tandis que l’accouchement est un processus naturel, la césarienne est une opération abdominale importante qui comporte des risques. Je suis évidemment très heureuse que la possibilité de la césarienne existe, car on peut ainsi sauver la mère et l’enfant quand c’est nécessaire. Mais toute opération comporte des risques évidents. Dans le cas présent, il peut y avoir des infections, de fortes douleurs post-partum, des fièvres qui signalent que quelque chose ne va pas. »
Toutefois, certaines femmes disent regretter un recours jugé trop systématique à la césarienne. Face à la crainte de poursuites judiciaires en cas de complications, certains obstétriciens préfèrent en effet pratiquer la césarienne dont ils estiment maîtriser davantage les conséquences. Une démarche en grande partie due à la formation des médecins, selon Petra Sovová :
« Les obstétriciens ont une grande expérience d’accouchements où l’on intervient. De nombreux médecins nous racontent que lors de leur formation, très peu de temps est consacré à l’accouchement naturel et que la majeure partie de leurs études qui sont longues s’intéresse aux cas pathologiques. Ils sont surtout formés à intervenir dans le cadre d’un accouchement, alors pourquoi ne le feraient-ils pas ? Mais si un accouchement se déroule normalement, on ne devrait pas avoir à intervenir du tout. »Des raisons physiologiques existent évidemment pour justifier le recours à la césarienne, comme le précise Petr Velebil, de l’Institut de soins de la mère et de l’enfant, à la maternité de Podolí, à Prague :
« La grossesse d’une femme plus âgée va de pair avec davantage de risques. C’est pour cela qu’il y a plus de césariennes chez les femmes enceintes âgées. D’un autre côté, les grossesses multiples augmentent également la possibilité d’une césarienne. En République tchèque, 80% des grossesses multiples se sont terminées par une césarienne l’an passé. »
Ainsi l’âge moyen de la femme lors de sa première grossesse est aussi un facteur augmentant le risque d’un accouchement par césarienne. Si en 1991, les femmes avaient leur premier enfant aux alentours de 24 ans, aujourd’hui, la moyenne d’âge tourne autour de la trentaine.