Les autoroutes tchèques coûtent cher
Selon l'Office suprême de contrôle (NKÚ), l’équivalent de la Cour des comptes en République tchèque, la construction des autoroutes tchèques aurait pu être 20% moins chère lors de la période 2008-2012. Tandis qu’une bonne partie des chantiers connaissent un retard important dans le pays, de nombreux surcoûts inutiles élèvent les dépenses du Fonds d’Etat pour les infrastructures de transport. La mauvaise gestion des autorités et le manque de transparence sont mis en cause.
« Le prix des matériaux de construction, notamment du ciment et des liants bitumineux est déterminé au niveau mondial. Le travail est moins cher en République tchèque. Mais le prix au kilomètre est bien inférieur en Allemagne. Nous devons nous interroger sur les raisons de cet écart. »
L’avancée des travaux routiers est surveillée en Allemagne par un organe d’audit, ce qui n’est pas le cas en République tchèque. En ce sens, la République tchèque n’a pas adopté de plan qui permettrait de définir certaines priorités et l’urgence de l’achèvement des constructions en fonction des ressources financières disponibles. Selon le rapport publié ce lundi, il serait ainsi possible de baisser les coûts des travaux de 12 à 20%. L’Office suprême de contrôle dénonce une gestion inefficace, la mauvaise conception des constructions, ainsi que de nombreuses violations de la législation. Les travaux se prolongent souvent sans réelle nécessité ou bien des modifications impromptues dans les plans viennent bouleverser les chantiers, car il faut résoudre des problèmes pourtant assez simples à prévoir. Depuis l’approbation des projets d’investissement jusqu’à la fin des chantiers, douze ans se passent en moyenne. A ce manque d’efficacité s’ajoute un manque de transparence :
Pour David Čermák, le secrétaire général de la Direction des routes et autoroutes tchèques, la lisibilité des procédures doit être clarifiée :« La construction des autoroutes est surveillée par les autorités en Allemagne et l’achat des terrains s’effectue sur la base de tableaux tarifaires qui sont clairement indiqués dans les différentes régions. Pour nous, la plupart des combats se déroulent dans une procédure territoriale, puis pour l’obtention des permis de construire. »
Ces problèmes induisent un renchérissement des travaux de 37% par rapport au coût initialement prévu. De nombreux tronçons d’autoroutes sont de ce fait laissés en jachère. Le cas de la rénovation de la D1, la principale route autoroutière tchèque qui relie Prague à Brno est intéressant. Devant débutée en mars, la modernisation de l’autoroute la plus fréquentée de République tchèque n’a été engagée qu’en mai. L’Etat avait clairement signifié qu’il privilégierait de faibles coûts lors de l’appel d’offres mais le chantage d’une des entreprises sélectionnées pour obtenir plus de financement montre qu’il devra sans doute encore mettre la main à la poche pour parachever les travaux.
Miloslav Kala, le président de l’Office suprême de contrôle, souligne que les intérêts liés à ces constructions sont multiples et entravent le développement normal des chantiers :« Nous n’arrivons pas concilier les divers intérêts et définir un itinéraire qui conviendrait à tout le monde. Ces problèmes sont reflétés dans la gestion de la planification et de la construction. »
La planification générale de la construction des autoroutes et voies rapides tchèques s’est déroulée à la fin des années 90. Le réseau routier tel qu’il avait été envisagé aurait dû être achevé à l’heure actuelle. D’après de récentes estimations, 32 années de travaux seraient encore nécessaires pour un coût de 520 milliards de couronnes (environ 20 milliards d’euros), soit 64% de plus que prévu en 1999.